Organisation du travail dans dix exploitations bretonnes

Dix élevages bretons, élevant des vaches laitières, des porcs ou des volailles, ont été interrogés sur leur organisation. L’efficacité est présente dans tout type de structure. Des relations humaines sereines sont essentielles à un bon fonctionnement de l’exploitation et à l’épanouissement des éleveurs dans leur métier.

Le projet « Organisation, productivité du travail et sens du métier dans des élevages innovants » a été lancé en 2010. Il vise à déterminer comment s’articulent organisation du travail, performance technique et économique, et sens du métier dans des exploitations d’élevage dites « innovantes ». Des enquêtes ont été réalisées dans 60 élevages français et 20 élevages d’autres pays d’Europe. Elles se sont déroulées par entretien avec un ou plusieurs exploitants, en un ou deux passages.

En Bretagne, dix élevages ont été enquêtés. Cinq élèvent des bovins lait, cinq élèvent des porcs, et trois des volailles. Un élevage dispose d’un abattoir et vend en direct.

Quasiment tous les éleveurs rencontrés fixent une amplitude maximale à leur journée, avec des bornes horaires. Dans quelques cas, l’amplitude maximale devient parfois le « temps de présence minimal », notamment en période creuse. Il semble important de définir ce type d’horaire pour chacune des configurations courantes (par exemple : pâturage / bâtiment, mises bas / semaine creuse).

Au sein de la journée, la matinée concentre l’essentiel du travail d’astreinte. Pour les éleveurs scindant la matinée en deux parties, il est possible que cela corresponde à une stratégie d’alternance entre tâches « plutôt physiques » et « moins physiques », comme cela avait été observé dans d’autres enquêtes (Depoudent et al., 2012).

Le week-end, les horaires des associés sont aménagés, ce qui est plus rarement le cas pour les salariés. Le nombre d’associés, davantage que l’effectif total, dicte la fréquence d’astreinte. Selon les facilités de remplacement, les éleveurs bénéficient plutôt de week-ends chômés ou de semaines de congés. Un seul élevage offre « beaucoup » de congés : deux week-ends sur trois et quatre semaines de vacances. L’astreinte n’est mal vécue que lorsqu’elle s’accompagne d’une charge de travail très forte en semaine.

Comme cela a déjà été observé dans de nombreux projets, la conduite et le bâtiment peuvent être adaptés afin d’améliorer les conditions de travail. Ces adaptations sont plus complexes à mettre en œuvre quand il faut modifier les pratiques de toute une équipe, et pas seulement d’un ou deux associés.

Tous les élevages de l’échantillon montrent une organisation structurée, avec une « professionnalisation » du management. Les personnes qui gèrent des équipes conséquentes expriment un fort intérêt pour la technique, davantage que pour le management pur. Cela s’explique sans doute par l’évolution du métier entre leur entrée dans la vie active et leur accès à ce poste.

La technique et l’esprit d’entreprise prédominent dans les facteurs de satisfaction. L’élargissement des collectifs de travail, par association, embauche ou délégation, permet davantage aux exploitants de se centrer sur les domaines qui les passionnent.

Enfin, le travail à plusieurs, lorsqu’il est bien géré, ressort comme un facteur d’épanouissement. En effet, les éleveurs développent un réseau de personnes en qui ils ont confiance. Cela réduit la pression lors de prises de décisions (associés, autres exploitants), mais sécurise également pour la gestion des absences, qu’elles soient prévues ou inattendues.