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Santé : Engraissement - Maitriser les troubles respiratoires à la mise en lot

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On vous dit tout sur les causes, symptômes, soins et prévention des troubles respiratoires en atelier d'engraissement

Les troubles respiratoires sont fréquents au moment de la mise en lots des bovins à l’engrais. Ils entrainent des retards de croissance, des frais vétérinaires, voire de la mortalité.

Pour les limiter, on peut être tenté d’avoir recours à de la prévention médicale systématique (vaccination, traitement). Est-ce indispensable ? Est-ce efficace ? Quelle est la conduite à tenir en cas d’épidémies de bronchopneumonies infectieuses ? Autant de questions abordées dans ce document.

Un impact important sur les lots à l’engraissement

Les impacts ont été estimés dans 61 exploitations des pays de Loire : 18 % des jeunes bovins mis en lots étaient atteints de maladies respiratoires générant de 61 à 108 g de GMQ en moins et de 44 à 59 jours de durée d’engraissement en plus et une diminution de revenu annuel de 11 à 26% selon la gravité de la situation. (source : Bareille et al, Renc. Rech. Ruminants 2008).

Une combinaison d’agents infectieux responsables

Les infections respiratoires sont dues à différents agents infectieux : virus plus ou moins pathogènes, bactéries qui viennent souvent compliquer une infection virale.

Le virus le fréquent et le plus pathogène est le RSV (virus syncytial respiratoire bovin). Il peut y avoir formes graves avec détresse respiratoire. Comme le virus PI3, moins dangereux, il précède souvent les infections bactériennes à pasteurelles et la vaccination est possible par voie injectable ou intranasale. Celle-ci présente l’avantage d’une immunisation plus rapide.

Comment réaliser une vaccination intranasale ?

Chez les bovins, quelques vaccins par voie intra-nasale sont commercialisés. Découvrez dans ce tuto avec Jean-Marie Nicol, vétérinaire, comment effectuer une vaccination intra-nasale selon les bonnes pratiques - Source Réussir Lait
 

Un certain nombre de bovins sont porteurs sans symptômes de pasteurelles (Mannheimia Haemolytica, Pasteurella multocida). Ces bactéries se multiplient et entrainent des symptômes respiratoires qui peuvent être graves, en cas de facteurs favorisants: surinfection suite à une maladie virale ou stress (mise en lots, stress thermique).

Des facteurs favorisants les infections à la mise en lots  

Le plus souvent la présence de ces agents infectieux ne suffit pas à elle seule à créer la maladie : il faut pour cela des circonstances favorisantes qu’on peut regrouper en deux catégories :

  • Celles qui augmentent ou diversifient le microbisme
  • Celles qui diminuent les défenses des bovins.

La mise en lots joue sur les deux tableaux : brassage des microbes de différents élevages et affaiblissement des défenses lié au stress du transport et de l’allotement. C’est donc une période particulièrement à risque.

Pourtant, il est possible de limiter l’impact sanitaire et économique de ces maladies respiratoires, en mettant les animaux dans de bonnes conditions de vie dans l’élevage de destination (conduite, ambiance) et en traitant si besoin mais à bon escient et au bon moment.

Soigner sans délai

•    Surveiller les animaux pour repérer rapidement les malades et agir très rapidement.
•    Isoler les malades dans une infirmerie pour limiter la contagion et faciliter les soins.
•    Soigner immédiatement tout animal présentant des symptômes, soit en respectant le protocole de soin établi par le vétérinaire soit en appelant celui-ci (animal abattu ou en détresse respiratoire, épidémie nécessitant de définir la conduite à tenir…)
•    Le traitement est souvent basé sur l’utilisation d’antiinflammatoires et d’antibiotiques. Ces derniers ne seront pas efficaces sur les virus, mais sont souvent nécessaires compte tenu de la fréquence très élevée de surinfection bactérienne dans l’appareil respiratoire des bovins.
•    En cas d’épidémie, le vétérinaire jugera de la nécessité ou non de mettre en œuvre des traitements de tout le lot (métaphylaxie). Les traitements antibiotiques préventifs sont quant à eux interdits compte tenu du risque de sélection de bactéries antibiorésistance.

Maîtriser le microbisme et préserver les défenses…

La circulation de microbes potentiellement pathogènes est fréquente dans les ateliers de jeunes bovins mais ne s’accompagne pas forcément de signes cliniques.
Pour limiter la maladie, voici les points clés de la maîtrise :

-    Gestion des achats : s’assurer des garanties. Vigilance sur la provenance et le parcours réalisé par les animaux avant d’arriver (transit en centre d’allotement, mélanges d’élevage.) Préférer des circuits courts pour limiter les stress. Idéalement, les animaux devraient être vaccinés dans l’élevage d’origine quelques semaines avant la mise en lots.

  • On préférera le remplissage en une seule fois de l’atelier plutôt que des mélanges de lots ou une introduction en continu. On tendra au moins à des entrées-sorties par case pour permettre un nettoyage, une désinfection et un vide sanitaire après la sortie du lot. Des précautions doivent être prises vis à vis des autres ateliers et par rapport aux intervenants.
  • Dans le cas d’entrées étalées,  il faut utiliser un bâtiment de quarantaine à l’arrivée.
  • Limiter les stress au cours des opérations de regroupement, transport, chargement-déchargement,
  • Examiner rapidement les animaux à l’arrivée pour pouvoir refuser  des animaux malades.
  • Abreuver les animaux dès leur arrivée,
  • On évitera les stress, on assurera une transition alimentaire vers le régime d’engraissement et un abreuvement à volonté.
  • Placer les animaux dès leur arrivée dans des conditions d’ambiance et d’hygiène adéquates.
  • Surveillance des animaux pour repérer rapidement les malades et agir très rapidement
  • Isoler dans une infirmerie et soigner immédiatement tout animal présentant des symptômes,

… En garantissant aussi une bonne ambiance du bâtiment

L’objectif est d’éliminer la vapeur d’eau en excès qui  permet la survie de certains agents pathogènes mais aussi risque de condenser sur le dos des animaux en créant un refroidissement brutal.

Cela permet aussi d’éliminer les gaz toxiques tels que l’ammoniac qui paralyse l’escalator mucociliaire, véritable filtre qui empêche les poussières et agents pathogènes d’atteindre les bronches : le mucus les « attrapant » et les cils les rejetant vers l’extérieur.

  • Sous nos climats, il vaut mieux compter sur le balayage horizontal (effet vent) que sur l’effet cheminée : il faut donc des entrées d’air correctement dimensionnées et  protégées et du volume sans excès pour éviter le refroidissement nocturne.
  • Eviter les bas-fonds ou les zones perturbées et orienter Est ou Sud-Est le long pan ouvert. Les long pans fermés sont à équiper de claire-voie, placés au-dessus des animaux (au-delà de 1,5 m du sol)
  • Un entretien régulier du logement limite l’humidité, notamment grâce au paillage.
  • Un éclairement correct permet de bénéficier de l’effet asséchant du soleil, tout en limitant l’échauffement.
  • On évitera enfin la surcharge des cases.

Enfin, un diagnostic d’ambiance suivi d’aménagements souvent simples s’avère souvent aussi efficace et rentable qu’une vaccination !

Une vaccination illusoire à l’entrée, utile chez le naisseur et parfois chez l’engraisseur

Il faut compter de 5 jours à plusieurs semaines, selon les vaccins et les voies d’administration, pour obtenir une réponse immunitaire effective. Lorsque le protocole de vaccination prévoit deux injections, les délais sont plus longs.  Il est donc illusoire de vacciner au moment de la mise en lots dans le but de limiter les maladies respiratoires des premières semaines.

Les microbes responsables de maladies respiratoires chez les bovins sont nombreux : vacciner contre le virus RS par exemple ne protège pas contre les maladies respiratoires à Pasteurelles (Mannheimia haemolytica, Pasteurella multocida) ou à Mycoplasme (Mycoplasma bovis) : il faudrait connaître les risques épidémiologiques des élevages fournisseurs et receveurs pour choisir les vaccinations à privilégier.

Pour une protection au moment de la mise en lots, idéalement, il faudrait vacciner les animaux dans les élevages d’origine : en pratique, une vaccination RS-PI3-BVD (inactivé) dans les élevages d’origine serait une garantie contre des infections fréquentes (RS-PI3) et ou graves (RSV dans certains cas ; BVD).

Dans le cas du virus RS, l’immunité protectrice est de courte durée (4 à 6 mois). D‘éventuels rappels sont à positionner en fonction des conditions d’élevage et des facteurs de risques.

La réponse vaccinale dépendra des bonnes conditions de vie de l’animal (alimentation suffisante et équilibrée, maîtrise des stress) et de l’application rigoureuse des protocoles de vaccination (âge des animaux, dates des rappels, conservation au froid des vaccins, matériel d’injection stérile à usage unique).

La vaccination peut être utile pour couvrir la phase d’engraissement s’il y a des facteurs de risques importants (mélange de lots, ambiance non maitrisée).

C’est un acte uniquement préventif qui ne sert pas à soigner les animaux malades, ni à compenser totalement les erreurs de conduite d’élevage (en particulier les poussières, les courants d’air, ou le défaut de renouvellement d’air qui favorisent l’action pathogène des bactéries et virus respiratoires).

Des travaux de recherche pour la détection précoce des troubles

L’utilisation de capteurs peut permettre de repérer très précocement les troubles, c’est une voie prometteuse pour réduire les impacts des maladies respiratoires –

-- > Etude F@rmXP Détection des troubles respiratoires chez les jeunes bovins

Nos référents sont à votre écoute :

Marylise LE GUENIC - Vétérinaire chargée d'études et de conseil Santé, Bien-être Production - Tél. : 06 78 70 71 44 - Mail : marylise.leguenic@remove-this.bretagne.chambagri.fr