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Elever des porcs à queue entière : comment réduire les risques de morsures ?

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Elever des porcs à queue entière augmente le risque que les animaux se mordent la queue, entrainant des plaies parfois sévères, des douleurs pour l’animal et des pertes économiques à l’élevage ou à l’abattoir. La caudectomie étant interdite en routine, des solutions doivent être mises en place pour réduire les risques de morsures, déjà pour des porcs ayant la queue coupée. Elever des porcs à queue entière nécessite de prendre en compte de nombreux facteurs de risque et d’adapter la conduite de l’élevage.

Peu de morsures de queue pour les porcs élevés sur litière

Depuis 2019 les queues des porcs ne sont plus coupées à la station de Crécom, avec un taux de porcs présentant des morsures sévères à la queue très faible. Sur près de 500 porcs suivis à chaque transfert, seulement 0,4% à 0,8% des animaux présentent des plaies à la queue en fin d’engraissement et 1,2% en fin de post-sevrage. A la station, les animaux sont élevés sur litière en post-sevrage puis en engraissement, par groupes de 45 individus.

Lors des premiers essais, une attention particulière a été prise pour minimiser les facteurs de risque : constitution de groupes en post-sevrage à partir des portées entières pour limiter les mélanges, groupes identiques en engraissement et post-sevrage, litière de qualité. Deux génétiques mâles, duroc et pietrain, ont également été testées, sans observer d’impact important sur l’état des queues.
 

La litière offre des avantages pour la gestion des porcs à queue non coupée. La paille permet à l’animal d’exprimer ses comportements d’exploration, la surface individuelle liée à ce mode d’élevage, et la surface de la case élevée limitent la promiscuité entre les animaux et offrent une échappatoire aux animaux qui se feraient agresser.

Depuis 2022, les porcs ne sont plus castrés. Malgré des animaux mâles qui expriment des comportements sexuels en fin d’engraissement, l’impact sur les queues est faible à nul. Dans les conditions de la station, élever des porcs à queue entière sur litière ne pose pas de problème. Ce modèle d’élevage, avec le post-sevrage et l’engraissement sur litière, représente cependant une faible part des élevages commerciaux.

Queues entières sur caillebotis : des résultats plus aléatoires sur caillebotis

Lorsque les porcs sont élevés sur caillebotis, il convient d’être très vigilant sur les facteurs de risque des morsures. Les premiers essais réalisés par les Chambres d’agriculture de Bretagne ont été réalisés à la station de Guernevez, en portant l’accent sur l’enrichissement du milieu de vie des porcs. En fin d’engraissement, 81 % des porcs dont la queue n’a pas été coupée ne présentaient aucune lésion sur la queue. Mais seulement 12% d’entre eux ont gardé la queue intacte sur toute la période d’élevage entre la naissance et le départ abattoir. Les autres porcs ont été victimes de morsures à la queue, d’intensité variable et pour la majorité au cours du post-sevrage. Le niveau d’enrichissement du milieu n’a pas eu d’effet sur l’état des queues.

A la station de Crécom, en fin d’engraissement 6% des porcs à queue non coupée ont des plaies à la queue, alors qu’aucun porc dont la queue est coupée n’en présente. Ce résultat sur l’ensemble des animaux cache cependant une très grande hétérogénéité. Plusieurs cases ne présentent aucune morsure, les cochons gardant une queue intacte. En fin d’engraissement, deux cases sur les 19 suivies concentrent plus de la moitié des animaux avec morsures sévères. Des différences entre les bandes de porcs sont également observées. L’observation régulière des animaux, et l’intervention rapide par l’apport d’un enrichissement supplémentaire dès les premiers signes de caudophagie, ou l’isolement d’un porc mordeur permettent de limiter les conséquences des morsures. Les essais se poursuivent en station, complétés par des visites d’élevages, pour toujours mieux identifier les facteurs de risque de morsure et agir en amont ou dès le déclenchement des premiers signes pour éviter que des morsures légères ne dégénèrent en plaies importantes.

Comment expliquer les morsures de queues chez les porcs ?

Pour trouver des solutions efficaces aux morsures, il faut comprendre celles-ci et l’explication peut paraitre contre-intuitive. Certaines morsures à la queue, notamment en post-sevrage, n’ont pas pour cause première l’agressivité de certains porcs vis-à-vis des autres, mais ont pour origine la difficulté pour l’animal à exprimer certains comportements de mâchonnement ou de fouissage… qui se tourne alors vers la queue de ses congénères jusqu’à la morsure lésionnelle. Lorsque les queues ne sont pas coupées, le stade de tous les dangers est le post-sevrage. Nos observations en station le confirment. Les premières queues basses, signes précoces de morsures, apparaissent dans certaines cases dès 4-8 jours après l’entrée des porcelets en post-servage. L’apport d’un enrichissement attractif, de la cordelette par exemple, permet de limiter les conséquences de ces premières morsures en détournant l’attention des animaux. Dès que les premières lésions apparaissent, il est parfois difficile d’éviter que le phénomène ne prenne de l’ampleur. Pour les morsures en engraissement, les causes environnementales sont plus fréquentes : mauvais réglage de la ventilation, mais aussi difficulté d’accès aux ressources, alimentation et abreuvement notamment.

Comment évaluer l’état de la queue des porcs ?

Pour évaluer précisément l’état de la queue des porcs, deux méthodes complémentaires sont utilisées. D’une part, une grille de notation à quatre niveaux :

  • note 0 : absence de marque visible ;
  • 1 : présence de quelques griffures ;
  • 2 : queue rouge, tuméfiée, apparence humide ou plaie saignante de taille réduite ;
  • 3 : plaie importante.

D’autre part la mesure de la longueur de la queue à l’aide d’une règle graduée. Ces deux méthodes sont complémentaires. En fin d’engraissement, on observe en effet des queues en bon état, qui présentent des notes 0 ou 1, qui sont parfois très courtes car elles ont été mordues chez le jeune animal en post-sevrage. Seule une analyse des données qui prenne en compte l’historique du porc en post-sevrage et en engraissement permet de savoir s’il a été victime, ou pas, d’un épisode de morsure au cours de sa vie.

Nos référents sont à votre écoute :

Yannick RAMONET – Bien-être animal - Tél. : 06 71 79 26 95 - Mail : yannick.ramonet@remove-this.bretagne.chambagri.fr

Nicolas VILLAIN– Bien-être animal - Tél. : 06 78 70 67 19 - Mail : nicolas.villain@remove-this.bretagne.chambagri.fr


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