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A quoi ressemblera notre alimentation de demain ?

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Assiette de légumes - Crédit photo : Unsplash - Edgar Castrejon

L’alimentation de demain pourrait être très similaire à celle d’aujourd’hui avec des tendances et des changements progressifs.

En 1970, les perspectives de l’INA imaginaient que les humains de l’an 2020 consommeraient des super-aliments lyophilisés, ultra transformés et sans réelles qualités gustatives, dignes des préparations servies aux héros des films de science-fiction. Force est de constater qu’ils se sont bien trompés. Certains experts affirment même que l’alimentation de demain sera très proche de celle d’aujourd’hui avec des changements progressifs sans phénomène de rupture.

L’alimentation un marqueur social

L’industrialisation des processus alimentaires pouvaient nous faire imaginer que notre alimentation moderne serait ultra standardisée. Nous constatons que les prospectivistes des années 70 s’étaient fourvoyés. L’alimentation est au contraire plus que jamais un marqueur social, un moyen de différenciation, voire de revendication pour certains. Face à une forme d’abondance, la segmentation a été rendue possible. Si elle est mise à mal par l’inflation aujourd’hui, notamment pour les produits sous signe de qualité, elle demeure très importante en France par rapport à d’autres pays.


Aujourd’hui, des experts tels que Céline Laisney (AlimAvenir) ou encore Christophe Lavelle (commissaire de l’exposition « je mange donc je suis » qui s’est tenue à Paris en 2020) vont même jusqu’à affirmer que notre alimentation de demain sera très similaire à celle que nous connaissons aujourd’hui. Pas de phénomènes de ruptures en vue donc, mais plutôt des tendances, des changements progressifs.

Les protéines animales : quelles évolutions pour demain ?

On estime aujourd’hui qu’un tiers de la population française est flexitarienne : ces personnes réduisent leur consommation de viande, sans chercher à devenir végétariens, lesquels représentent entre 3 et 4 % en France. Les vegans sont, quant à eux, moins de 1 %. La « mode » flexitarienne est donc celle qui a le plus progressé ces dix dernières années.

Pourtant, au-delà des déclarations, d’une part, et des incitations institutionnelles, d’autre part, la consommation de viande stagne depuis bientôt quinze ans. Dans son dernier rapport, FranceAgriMer souligne qu’en 2022 la consommation totale de viande par les français (comprenant la consommation à et hors domicile) s’est légèrement accrue revenant à un niveau équivalent à l’avant Covid 19. Pas de révolution dans la consommation globale donc, mais un changement dans les débouchés.

La consommation à domicile s’est en effet érodée en continue pour toutes les catégories de viandes bovines et ovines entre 2008 et 2022, de même que pour le porc dans une moindre mesure, et s’est maintenue pour la volaille malgré des prix en hausse sur cette même période.

La stabilité de la consommation globale est donc à imputer au hors domicile : la viande se retrouve dans les burgers des fast food, les plats préparés, les cantines ou les restaurants. Se « faire plaisir », « manger des plats dont on n’a pas l’habitude », le tout « sans se ruiner » ou « prendre du temps à cuisiner » sont les principaux arguments des français. Malheureusement, la déclaration « manger mieux mais moins » perd souvent de son sens dans ce cas de figure, la qualité de la viande étant souvent moindre en restauration hors domicile et issue en grande partie des importations (pour le poulet, les importations couvrent ainsi 50 % de la consommation et alimentent en grande partie la restauration hors foyer d’après FranceAgriMer).

Et quelle place pour les protéines végétales ?

Le consommateur n’est donc pas prêt à abandonner la viande. Cependant, la recherche des prix bas, la disparition progressive de la cuisine maison et de certains plats traditionnels, risquent de redessiner le marché et de déstabiliser nos filières françaises.

Enfin, si les alternatives végétales se multiplient et affichent une belle croissance, il est encore trop tôt pour dire si elles sortiront de leur statut de « niche » pour bouleverser le marché général de la protéine animale. Les laits végétaux ne représentent par exemple que 8 % du marché total des laits. La France n’est par ailleurs que le 5ème pays européen pour le marché des alternatives végétales (en lait, viande, fromage…).

Avec l’impulsion des pouvoirs publics, une communication importante et une structuration des filières de légumineuses, l’apport protéique sous forme végétale pourrait cependant s’imaginer comme suit d’ici quelques décennies : 50 % d’apport d’origine végétale, 50 % d’origine animale (d’après Céline Laisney, AlimAvenir).

Produits sous signes de qualité : un frein avant tout économique

Les produits sous signe de qualité ont jusqu’à présent toujours été synonyme de « prix plus élevés ». Dans un contexte relativement stable de pouvoir d’achat et de légère déflation alimentaire, ces produits avaient cependant réussi à gagner des parts de marché ces 20 dernières années, à l’instar du bio notamment. Mais il a suffi que l’inflation ne démarre pour mettre à mal ces filières.

Pourtant, les citoyens déclarent toujours être inquiets pour l’avenir de la planète (changement climatique, pollutions…) et l’éco-anxiété n’a jamais autant fait parler d’elle : plus d'un Français sur deux, âgé de 16 à 25 ans, se dit "très" ou "extrêmement inquiets" du changement climatique selon une étude parue dans The Lancet Planetary Health en 2021. Un phénomène qui devrait s’accentuer dans les prochaines décennies.

Le défi se situe donc davantage dans le prix. Les filières bio doivent en priorité résoudre une équation complexe : proposer des produits bio plus compétitifs tout en restant rentable et en rémunérant les producteurs au juste prix.

A l’instar de la GMS qui depuis plusieurs années surfe sur le marché des MDD (marques de distributeurs) ou des premiers prix, la distribution bio doit elle aussi être en mesure de proposer des entrées des gammes sur les produits phare.

Une stratégie qui pourrait être gagnante, car chez Naturalia la part de la promotion et des prix bas représente 20 % des ventes de l'enseigne, c'est ce qui lui permet d'augmenter la fréquence d'achats et de recruter (LSA, 31/10/23).

Impact des nouveaux modes d’alimentation

Autre élément de réflexion : la déstructuration des repas et le succès du snacking. Si le modèle alimentaire français a de bons arguments pour faire de la résistance (convivialité, plaisir de se nourrir, patrimoine culinaire…), le snacking a tendance à progresser et à imposer ses codes. Au revoir les repas, bonjour les sessions de grignotage, salées ou sucrées réparties aléatoirement sur la journée. Les produits de qualité, et bio en particulier, ne doivent donc pas hésiter à se positionner sur ce créneau.


Contact :

Maëlie TREDAN, Chargée de mission économie emploi, maelie.tredan@remove-this.bretagne.chambagri.fr, tél. : 06 30 99 70 85


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