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Bientôt des éclaircies pour le lait bio ?

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En ce début d’année 2024, faisons le point sur la situation de la filière laitière bio en Bretagne, toujours en crise, mais pour combien de temps encore ?

La crise du lait bio, commencée fin 2021, s’est poursuivie tout au long de l’année 2023, amplifiée par l’inflation alimentaire qui a atteint son pic au printemps. Elle s’est répercutée sur la collecte, en recul, que ce soit en Bretagne ou au niveau national. Cependant, l’inflation retrouvera prochainement des niveaux normaux, et il est dès à présent nécessaire d’anticiper la situation post-crise.

Moins de lait bio en Bretagne et en France

En octobre 2023, sur un an, le nombre de points de collecte bio en Bretagne est en léger recul (-0,2 %/octobre 2022, soit deux points de collecte en moins). C’est une première dans la région depuis fin 2015. Plus largement, le nombre de points de collecte est en stagnation dans la région depuis mi-2022.

Cette stagnation est la conséquence d’un arrêt des conversions hors installations et d’un certain nombre de déconversions. Selon l’Agence Bio, les cessations d’activité en lait dans le pays approchent les 5 % depuis le début de l’année. Cependant, la production bio bretonne résiste mieux que dans le reste du pays. Au niveau national, le nombre d’exploitations bio a diminué de 3,5 % sur la même période. Les forts écarts interrégionaux d’évolution sont principalement expliqués par le fait que les collecteurs 100 % bio, qui sont plus ou moins présents selon les régions, sont plus impactés par la crise. De plus, les exploitations situées en montagne ont, en moyenne, subi des hausses de charges plus importantes, ce qui a pu accroître localement le nombre de cessations d’activité.

Néanmoins, la collecte recule nettement dans la région. La collecte bio bretonne est en repli de 3,1 % en cumul sur les dix premiers mois de l’année. Cette baisse de la collecte trouve son origine dans celle du volume moyen collecté par exploitation : celui-ci recule d’environ 5,5 %, que ce soit en Bretagne ou au niveau national. Cette diminution peut être due à deux phénomènes. D’une part, dans un contexte où la hausse des prix payés aux producteurs bio n’a pas suivi la hausse des charges, des producteurs ont pu faire le choix de réduire les volumes afin de gagner en résilience. D’autre part, selon les collecteurs et les transformateurs, les exploitations qui se déconvertissent sont en moyenne de plus grande taille. Leur départ diminue donc mécaniquement le volume moyen collecté par exploitation.
En revanche, l’amélioration des taux de matière grasse et de matière protéique entraîne une baisse de collecte de matière sèche utile (MSU) moins prononcée. Au niveau national et en cumul jusqu’à octobre, le recul de la collecte de MSU est de 2,6 %, contre 3,8 % en litrage.

Une consommation toujours en berne

La consommation de lait bio chute en grandes et moyennes surfaces (GMS) sur les 11 premiers mois de l’année comparé à 2022. Toutes les catégories de produits sont concernées : de -10 % pour l’ultra-frais, à -19 % pour les fromages libre-service. Ce recul est d’autant plus marquant que la consommation des produits laitiers conventionnels retrouve enfin une certaine stabilité, voire une croissance pour les crèmes et les fromages.
Le recul est moins marqué en ce qui concerne les fabrications de produits laitiers bio : -8 %/2022 toutes catégories confondues. A priori, cela signifie que les autres circuits de commercialisation, et notamment la restauration hors domicile, permettent de compenser en partie la chute observée en GMS. Notamment, selon Yves Sauvaget, Président de la Commission bio du Cniel, les achats du bio en restauration hors domicile sont passés, en un an, de 6 % en valeur à 7 %.

Anticiper la reprise

Au milieu de ce marasme subsistent quelques signaux encourageants qui annoncent une fin prochaine de la crise du lait bio. La hausse des prix, première cause de la chute de la consommation en GMS, ralentit. En décembre 2023, l’Insee estime l’inflation alimentaire annuelle à 7,1 %, soit 0,6 points de moins qu’en novembre (7,7 %) et à un niveau bien inférieur à celui du début d’année (13,3 % en janvier). Par ailleurs, pour la première fois depuis 2020, l’inflation alimentaire sur deux ans diminue, passant de 20,7 % en novembre 2023 à 20 % en décembre. Selon les derniers retours des industriels et des distributeurs, l’inflation à la suite des dernières négociations commerciales devrait être de 2 à 3 %. Ainsi, la crise devrait se tasser petit à petit, et la consommation repartir à la hausse d’ici 2026, selon Yves Sauvaget. D’ici là, la collecte poursuivra son repli, ce qui permettra un retour vers un équilibre offre-demande prochainement.

Toutefois, cet équilibre risque d’être temporaire. En effet, si la baisse de consommation devait ralentir au cours de l’année, la baisse de la collecte risque, elle, de s’accélérer en 2024. L’arrêt des conversions hors installations, auquel s’ajoute une faible hausse du prix payé aux producteurs (+5,7 % entre octobre 2021 et octobre 2023 en Bretagne), entraîne un manque dans le nombre d’arrivées comparé aux départs qui sont, eux, plus importants.
Ainsi, si la tendance se poursuit, les agriculteurs bio, et notamment les éleveurs laitiers bio, pourraient manquer dans les années à venir, selon Philippe Camburet, Président de la Fédération Nationale d’Agriculture Biologique (FNAB). A ce rythme, l’objectif national d’atteindre 18 % de la SAU en bio en 2027 est fortement compromis à moins d’un soutien massif envers les filières bio.


Contact :
Olivier CARVIN, Chargé de mission Economie Emploi
– Tél. : 07 88 05 38 67
Mail : olivier.carvin@bretagne.chambagri.fr


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