Bilan de campagne des cultures bio bretonnes

La campagne 2022-2023 se déroulait sans accroc jusqu’aux pluies de fin juillet qui ont perturbé les moissons et dégradé le rendement et la qualité des céréales. Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, le maïs devrait avoir profité de cette eau arrivée à point nommé durant la floraison.

2023 : une année chaude et humide

L’automne 2022 a été marqué par une grande douceur favorisant les vols de pucerons et les levées d’adventices. L’installation des céréales a été globalement bonne, avec des mois de janvier et février sains sans excès d’eau. La montaison a été poussante en mars-avril, d’où une bonne densité d’épis et des céréales hautes en paille. Les mois de mai et juin ont été chauds et secs, mais le déficit hydrique limité n’a pas eu d’impact majeur sur le remplissage des grains.

Les pluies de l’été déterminantes pour le rendement et la qualité

Les potentiels de rendement étaient là à l’approche des moissons fin juin. Les résultats des parcelles moissonnées en juillet sont globalement bons à très bons. Le rendement du blé se situe dans une fourchette 30-50 q/ha selon le type de sol et le précédent (prairie ou cultures). L’orge de printemps affiche des rendements de 30 à 40 q/ha, avec des parcelles signalées à 60 q/ha. Les essais variétaux de blé de l’INRAE au Rheu atteignent un rendement record de près de 73 q/ha, près de 20 quintaux au-dessus de leur moyenne depuis 20 ans. Hélas, si les moissons étaient terminées en zone précoce (Sud-Est de la Bretagne), l’arrivée de la pluie fin juillet a stoppé la récolte dans le Centre-Nord-Ouest. Avec pour conséquence une nette dégradation du rendement et de la qualité. Ont été observés de l’égrenage sur du pois, de la germination sur pied en blé et triticale, un salissement des parcelles source d’impuretés et parfois de déclassement de blé de qualité meunière en fourragère. Les rendements des céréales ou des mélanges récoltés après la pluie se situent autour des 20-30 q/ha.

Le colza déçoit

Depuis quelques années, le colza bio a le vent en poupe. Les filières étaient en demande de volumes, les prix avoisinants les 1 000 €/t ont attiré les producteurs vers cette tête de rotation au potentiel de rendement très intéressant en Bretagne. Le millésime 2023 est globalement décevant. L’automne doux a favorisé de fortes croissances conduisant parfois à des éclatements de tiges, portes d’entrée pour les maladies. La floraison s’est déroulée en climat humide et couvert et les chaleurs de juin ont pénalisé le remplissage des graines. Résultat : des rendements de 20-25 q/ha en général, alors que des parcelles dépassaient les 40 q/ha en 2022.

Le maïs est prometteur

Les semis ont démarré après les pluies de la mi-mai. Les interventions de désherbage mécanique ont pu se dérouler sans adversité climatique jusqu’à fin juin. La présence de la mouche Geomyza a été à nouveau observée cette année, mais sans dégâts majeurs. Les conditions chaudes et sèches de mai-juin ont pu pénaliser la croissance des maïs, conduisant à des plantes de gabarit moyen, mais la pluie arrivée en pleine floraison aura été très bénéfique pour la formation de grains, avec des épis visibles aujourd’hui qui semblent prometteurs.

Lionel QUERE- Conseiller en agronomie, Tél. : 06 22 53 21 41 - Mail : lionel.quere@remove-this.bretagne.chambagri.fr