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Biodiversité et agriculture biologique : synergie pour une production multifonctionnelle

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L'agriculture biologique est plus multifonctionnelle que l’agriculture conventionnelle, et elle permet une meilleure performance écologique et socio-économique, malgré des rendements agricoles plus faibles.

Sébastien Boinot (SB), doctorant à l’INRAE, présente les résultats de l’étude de la multifonctionnalité de 40 parcelles de blé au Sud de l’Ille-et-Vilaine en 2019. Cette étude montre que la multifonctionnalité est maximale dans les champs bio situés dans les paysages bocagers bien préservés. Notamment, une extension de la longueur totale de haies dans un rayon de 1 km autour des champs bio est corrélée à une augmentation mutuelle de l’abondance en prédateurs de graines adventices, de la marge semi-nette et plus globalement de la multifonctionnalité.

Les parcelles de blé en agriculture biologique favorables à la biodiversité

Sébastien Boinot (SB) : « Nous observons une biodiversité aérienne (carabes et adventices) bien plus forte en bio qu’en conventionnel, comme déjà démontré dans de nombreuses études. C'est notamment dû à l'éradication des adventices en conventionnel, qui sont des plantes sauvages à la base de la chaîne alimentaire dans les milieux agricoles. Sans elles, moins d'insectes, moins de mammifères, moins d'oiseaux... D’un point de vue agroécologique, préserver la diversité des espèces adventices dans les champs est tout aussi important que de limiter l’abondance totale en adventices à des niveaux tolérables/non préjudiciables. En revanche, dans notre étude, la biodiversité des sols (micro et macro-organismes du sol) est similaire entre conventionnel et bio. En bio, la fertilisation strictement organique et les rotations culturales plus longues (notamment avec des prairies temporaires) peuvent améliorer le fonctionnement du sol et sa biodiversité, à condition que le travail du sol (souvent accru pour contrôler les adventices) reste modéré. »

Augmenter la biodiversité sans impacter les rendements : c’est possible !

SB : « Que ce soit en agriculture biologique ou conventionnelle, il n’y a pas de relation entre conservation de la biodiversité et rendements. Ce résultat signifie que l'on peut bel et bien augmenter dans une certaine mesure la biodiversité, sans pour autant faire baisser les rendements – en particulier lorsqu’un fonctionnement écologique efficace complète les opérations culturales.
Concernant les marges pour la campagne 2019, nous observons que les agriculteurs bio gagnent légèrement plus en moyenne (malgré des rendements bien moindres), mais aussi que les marges sont beaucoup plus variables en bio. Cette variabilité du bio s’explique en partie par le contexte paysager.»

Un bocage préservé au service de la biodiversité et de l’agriculteur

SB : « Ce sont en effet les agriculteurs bio dans les paysages bocagers préservés qui gagnent le plus, qui ont un bon fonctionnement écologique (le plus fort potentiel de régulation naturelle des bio-agresseurs, notamment des adventices) et qui ont la plus forte multifonctionnalité. Ces agriculteurs n'étaient d'ailleurs pas nécessairement ceux qui travaillent le plus leurs terres, qui sèment en plus grande densité ou qui utilisent le plus de fertilisant organique. Cela suggère que dans leur cas, le fonctionnement écologique est profitable et complémente bien le travail fourni par les agriculteurs.

Haie bocagère large, complexe, interconnectée - Crédit photo : INRAE

Présence d'ourlet herbacé en pied de haie continu et bien développé

Le bio seul ne suffit pas, car le milieu agricole reste un milieu très perturbé, qui n'offre pas forcément de refuges face aux perturbations agricoles. A des moments où les champs sont pauvres, les haies offrent des sites d'hivernation et des ressources alimentaires complémentaires pour les auxiliaires de culture, tels que les pollinisateurs et les prédateurs de bio-agresseurs. Les haies constituent également des habitats majeurs non remplaçables pour de nombreuses espèces d’oiseaux et de mammifères (petits rongeurs, hérissons, blaireaux, chauve-souris…). Les haies seules non plus ne suffisent pas, si les champs sont cultivés trop intensivement. »

Sébastien Boinot, INRAE Rennes


Contact : Sylvie GUIET, Chargée de mission biodiversité - 06 07 00 54 91 - sylvie.guiet@remove-this.bretagne.chambagri.fr


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