mardi 02 juillet 2024
![Mains tenant un journal](/fileadmin/user_upload/Bretagne/179_Inst-Bretagne/99-Webmastering/Header/hub-header-a-la-une-1280x250-v02.jpg)
Conjoncture grandes cultures bio
![Transport au silo La collecte de céréales bio se heurte à la crise des filières animales](/fileadmin/_processed_/a/2/csm_transport_au_silo_87a2ae48e7.jpg)
Transport au silo
Les surfaces en cultures bio ont connu un essor avec les conversions depuis 10 ans. Mais la baisse de la consommation de produits bio (lait, viandes, œufs) fragilise la filière céréalière qui trouve là son principal débouché. Fatalement les prix payés aux producteurs baissent.
Les grandes cultures bio en quelques chiffres
Avec 10.3 % de sa SAU (Surface Agricole Utile) en bio, la France occupe un rang médian en Europe, loin derrière l’Autriche leader avec plus de 25 % de sa SAU en bio. Mais si l’on parle en valeur absolue, la France est championne d’Europe avec plus de 2.5 millions d’hectares, devant l’Espagne et l’Italie. La Bretagne est exactement dans la moyenne française avec 10.3 % de sa SAU en bio, soit environ 170 000 ha. Une surface multipliée par 3 en 10 ans.
Que deviennent les productions végétales ?
Plus de 70 % des surfaces sont occupées par les fourrages (herbe et maïs) destinés au cheptel bovin bio. Les céréales et les oléoprotéagineux sont les principales grandes cultures : blé meunier, mais grain, orge de printemps, sarrasin, colza, mélanges céréales-protéagineux (pois, féverole). La fabrication d’aliment du bétail (maïs grain, triticale…) et la meunerie (blé) sont les 2 principaux débouchés. L’exportation en Europe, jusqu’alors peu développée sur des marchés à l’équilibre, monte en puissance.
Une situation d’excédents
- 5 % en lait, - 13 % en viandes, - 4.4 % en œufs : la consommation des produits animaux bio est en baisse en France entre 2021 et 2022, dans un contexte d’inflation forte post-covid et en lien avec la guerre en Ukraine. Parallèlement, la grippe aviaire réduit le besoin en aliments de la filière volaille de chair. Or, les surfaces en céréales ont continué d’augmenter suite aux conversions : + 4 % entre 2021 et 2022. Combiné à de bons rendements ces dernières années, les productions végétales sont aujourd’hui excédentaires par rapport aux besoins des filières.
Des prix orientés à la baisse
Logiquement, l’offre étant supérieure à la demande, les prix baissent. Les stocks au 30/06/2023 avant l’arrivée de la nouvelle récolte sont supérieurs à l’année précédente : + 15 % en blé, + 26 % en protéagineux, + 35 % en tournesol. Le bilan est lourd en colza également. Alors que les coûts de production augmentent (carburant), les prix payés aux producteurs doivent s’ajuster à la baisse : le colza qui a culminé à 1 000 €/t voit son prix dégringoler aux environs de 750 €/t, le blé meunier récolte 2023 devrait descendre sous les 400 €/t.
Quelles solutions pour passer la crise ?
L’exportation permet de dégager les volumes excédentaires, mais de l’aveu d’un opérateur de la filière céréalière du Grand Ouest : « exporter n’est pas dans notre vocation». Les volumes exportés sont passés de 3 000 à 70 000 t depuis 2019. La France exporte vers la Belgique, les Pays-Bas, l’Espagne, l’Italie. Relancer la consommation de produits animaux qui dynamise le besoin en produits végétaux reste le levier idéal mais l’inflation pèse encore sur le pouvoir d’achat et les produits bio ont perdu en lisibilité auprès du consommateur. Quoiqu’il arrive, la contractualisation en amont reste indispensable dans cette période de stocks élevés pour assurer aux producteurs un débouché et aux collecteurs une visibilité sur leur collecte.
Lionel QUERE- Conseiller en agronomie, Tél. : 06 22 53 21 41 - Mail : lionel.quere@ bretagne.chambagri.fr
A lire aussi :
lundi 01 juillet 2024
vendredi 28 juin 2024
Prochains RDV
Du 25 juin au 14 septembre 2024