Installation en agriculture : témoignage d'Anne Postic, agricultrice en Bretagne

L’installation n’était pas votre projet de départ ?
Je ne suis pas issue du milieu agricole. Après un BTSA en production animale et un certificat de spécialisation en porcs, j’ai été salariée en production porcine pendant 10 ans. A la fin de mon congé maternité, l’un de mes employeurs est parti en retraite. Je me suis dit que c’était l’occasion de reprendre son entreprise.  
Ce premier projet n’a pas abouti, mais néanmoins, l’envie d’avoir ma propre affaire a germé. Une seconde opportunité s’est présentée à moi après un stage de parrainage avec le cédant. Je me suis installée depuis le début de l’année 2023 en production porcine.

De quels appuis avez-vous bénéficié ?
Ma famille a été un appui déterminant et elle l’est encore. : Je me suis demandé si ce n’était pas un délire et si je n’étais pas un peu folle de me lancer Le retour de mes proches m’a confortée. Ils m’ont rassurée en me disant que j’avais les épaules pour ce métier, les compétences et la détermination. Ça fait du bien de l’entendre, et je me suis lancée sans peur,  sans hésiter et surtout en assumant mes choix.

Vie privée et vie professionnelle font-elles bon ménage ?
Nous avons 3 enfants en bas âge et mon conjoint est aussi à son compte. Notre objectif est de ne pas sacrifier nos enfants ni notre couple pour nos entreprises respectives. Nos enfants vont chez une nourrice. Mon mari prend le relais. Dans le bureau de l’élevage, j’ai organisé un espace de jeu et de détente pour les enfants. J’ai travaillé sur l’organisation du travail. L’objectif est d’avoir un système simple et efficace pour se libérer du temps. J’ai opté pour la conduite en 7 bandes ou lieu de 10. J’ai investi dans un robot de lavage. Je délègue la conduite des cultures à l’entreprise. Et pour les périodes de surcharge de travail, j’ai décidé de salarier mon conjoint 10 heures par semaine.

Avec une femme salariée : votre entreprise est une histoire de femmes ?
Oui, j’ai une salariée femme qui a aussi des enfants en bas âge. Elle connait très bien l’entreprise et l’élevage, car elle était déjà là avant mon installation. Mon contrat de parrainage m’a permis de travailler avec elle. Nous sommes sur la même longueur d’ondes. Nous sommes collègues de travail avant que je sois sa patronne. Nous sommes très complémentaires. A nous deux, nous arrivons à bricoler ou à réparer et parfois mon mari peut aussi nous dépanner. Autrement, on fait appel à des entreprises spécialisées. Sans complexes et sans tabous : notre entreprise est conduite par deux femmes !

Quels messages voulez-vous passer aux femmes qui abandonnent leurs projets d’installation ?
Il faut oser, briser les idées reçues et se dire « je suis capable, au même titre qu’un homme, de m’installer en agriculture ». Certes, les différentes démarches peuvent être perçues comme difficiles et peuvent être un frein à l’installation. Toutefois, un seul mot, Mesdames : allez jusqu’au bout de vos rêves !

Propos recueillis par
Nabila GAIN NACHI
Chargée de mission Egalité-Parité – Chambre d’agriculture Bretagne

Mise en relation
Anne POULIQUEN
Conseillère Installation Entreprise 29 - Chambres d’agriculture Bretagne