La crainte de voir la hausse des charges rogner les marges cultures a finalement été contenue

Une campagne sans accroc…jusqu’à la moisson

La campagne 2022-2023 n’aura pas connu d’incident majeur. L’automne doux a favorisé l’installation des cultures d’hiver avec toutefois une pression de pucerons importante. Les apports d’azote sortie hiver ont été bien valorisés avec les pluies de mars-avril. Les maladies sont restées discrètes. Mai et juin ont été éprouvants pour les cultures avec des vents d’Est, peu de pluies et des températures élevées fin juin mais sans impact majeur. C’est au moment de la moisson que les choses se sont gâtées avec les pluies survenues fin juillet, interrompant la récolte surtout à l’Ouest de la Bretagne. Alors que la 1^ère vague de récolte affiche de bons à très bons rendements et PS, les surfaces récoltées après les pluies ont nettement perdu en qualité (PS et germination sur pied).

Le ciseau des prix redouté finalement pas si tranchant

La difficulté annoncée de cette campagne était de subir la hausse des charges achetées en 2022 dans un contexte de crise énergétique (flambée du prix du gaz et des engrais) alors que les prix de vente des céréales revenaient sur les niveaux habituels. Le tableau ci-dessous montre bien une nette hausse du poste Engrais azoté : 290 €/ha en 2023 contre 137 €/ha en moyenne 10 ans, soit + 110%. Les autres postes de charges sont peu affectés par la hausse généralisée des prix, même si globalement semences et produits phytosanitaires connaissent une hausse de prix. Le poste fongicides a fortement baissé en 2023 à 49 €/ha (76 €/ha en moyenne historique), en lien avec le contexte de faible pression maladies. Heureusement, le rendement 2023 est bon : 85 q/ha dans notre échantillon (qui ne représente pas la moyenne bretonne à 74 q/ha en 2023). Et le prix de vente est également bon à 210 €/t en moyenne. La marge brute sur intrants est finalement meilleure que la moyenne décennale : 1308 €/ha en 2023.

Le colza déçoit

L’année 2023 ne restera pas dans les mémoires des colzaïculteurs. Le rendement est moyen sans être catastrophique. La faute à un hiver trop poussant, une floraison en conditions humides et nuageuses et une fin de cycle échaudante. Le poste Engrais est doublé comme en blé, tandis que le prix de vente a fortement chuté depuis l’exceptionnelle flambée de 2022 en lien avec la guerre en Ukraine. Nous avons utilisé le prix de 430 €/t pour calculer les marges de notre échantillon. La marge ainsi obtenue est de 932 €/t, alors qu’elle est de 1100 €/ha en moyenne 10 ans, soit 15% de baisse.

Un été pluvieux très favorable au maïs

Le maïs qui valorise les effluents d’élevage (fumier, lisier) a peu subi la hausse des engrais azoté achetés en 2022. C’est le poste Semences qui connait la plus forte hausse : +10 % à 206 €/ha en 2023. Mais ce sont les très bons rendements en grain (et dans une moindre mesure en ensilage) qui font les bonnes marges au final. Pour un rendement moyen breton 2023 de 97 q/ha (source Agreste), en hausse de 10% sur la moyenne quinquennale, et un prix de vente de 180 €/t, la marge sur intrants est de 1467 €/ha, à comparer aux 933 €/ha en moyenne 2013/2022.

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Lionel QUERE, Conseiller en agronomie, Tél 06 22 53 21 41
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