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Les Paysans de nature s’engagent pour la biodiversité

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Pascal Schmitz est agriculteur à Plerneuf (22). Sensible à la nature en général, il s’engage dans la démarche Paysans de nature pour faire rimer agriculture et biodiversité.

Pascal fait partie d’un groupe cultures bio animé par la Chambre d’agriculture, et s’est engagé, il y a peu, dans une démarche Paysans de nature. Il nous explique : « Je me suis installé en 2020, sur le tard, en armoricaines et porcs blancs de l’Ouest. Quand j’ai récupéré la ferme, je rêvais d’en faire 80 ha de réserve naturelle. Une douce utopie, car il me fallait vivre de mon activité ! Aujourd’hui, j’ai 30 vaches et 8 truies. Je produis l’aliment du cheptel sur la ferme. Je vends toute la viande en direct, sous forme de colis et de produits transformés. »

Rencontre avec Paysans de nature

« J’ai longtemps été responsable qualité dans une grande entreprise. Les notions de bien-être du travailleur, d’environnement et de social me sont familières. Lors d’une soirée, j’ai entendu parler de l’association Paysans de nature. J’ai lu leur livre et je me suis dit que c’est ce que je voulais faire. Je veux nourrir les hommes tout en protégeant et améliorant la biodiversité sur ma ferme. Je les ai contacté, j’ai adhéré, signé la charte. J’ai choisi d’être accompagné par l’association Vivarmor, car c’était important pour moi d’avoir un regard naturaliste sur la ferme. »

Ramener la biodiversité, c’est préserver notre outil de production

« Pour moi « écolo » n’est pas un gros mot ! C’est plutôt synonyme d’une prise de conscience de l’urgence à agir. Quand on parle d’écologie, c’est en réalité de notre survie à tous dont il est question !

La nature ne se limite pas aux ressources à prélever, c’est notre ticket pour l’avenir. Et pour moi, qui fait pas mal de photos, c’est aussi une école de la beauté. Tout cela, nous devons le réapprendre collectivement. La recherche du seul profit, la course à la productivité sont pour moi des fuites en avant. Aujourd’hui, on ne peut plus séparer santé de l’environnement et santé des hommes. Déjà sur mon territoire, la communauté de communes peine à fournir de l’eau potable à ses habitants, c’est dramatique!

En tant qu’agriculteur, gestionnaire de grands espaces, notre impact sur la nature est important, notre responsabilité aussi. Enormément d’espèces ont disparu avec la simplification des paysages et des systèmes agricoles, et si nous continuons sur cette voie, il ne restera bientôt plus dans les campagnes que les rats, les souris et les corbeaux. Ramener de la biodiversité dans et autour de nos fermes, c’est préserver notre outil de production ! Les ronciers par exemple sont souvent mal perçus. Pourtant ils protègent jusqu’à 350 espèces, dont le chêne. Alors je les tolère d’avantage en bord des champs. C’est une affaire de compromis entre biodiversité et production. »

Une politique des petits pas

« Je ne suis pas un militant. Il me semble que ce n’est pas en forçant la nature des gens qu’on les change. Il faut que tout le monde y trouve son compte. Moi par exemple, j’étais plutôt anti-chasse sur le principe. Mais je voulais connaître les gens autour de moi, avoir de bonnes relations de voisinage, savoir comment ça se passait, comprendre. Alors, je les ai accompagnés, j’ai passé mon permis de chasse. J’ai été très bien accueilli par le groupe. Au bout d’un an, je leur ai demandé - timidement - s’ils acceptaient de ne plus chasser le renard autour de ma ferme parce qu’il est très utile pour réguler les campagnols. Et ils ont tout de suite accepté. »

Des dialogues pour la nature

« L’association Vivarmor est venue visiter la ferme, qui était déjà en bio il y a 10 ans. Elle y a trouvé des espaces intéressants de biodiversité, des prairies humides à orchidées, des papillons, des sauterelles, 7 espèces de chauve-souris. Elle a organisé sur la ferme des « dialogues pour la nature », qui réunit des paysans et des citoyens. À ces occasions, nous réfléchissons ensemble à ce qui pourrait être fait, planter des haies, creuser une mare, rouvrir une friche, et nous tirons le bilan des réalisations. En parallèle, elle propose des « universités de la nature » pour former les gens. Il y a eu ainsi 2 jours sur les orthoptères et les vers de terre, et une journée de plantation d’arbres en intra-parcellaire, pour fournir des abris et un complément alimentaire aux cochons, retenir l’eau dans le sol. Les lignes d’arbres plantées sont suffisamment éloignées entre elles (30 m) pour permettre la mise en culture si je le souhaite. Pour ces plantations, j’ai renoncé à demander des aides de type Breizh bocage. Ca m’a paru trop compliqué, trop administratif. J’ai préféré payer mes arbres et planter avec des bénévoles. Ce jour-là, nous étions 24. J’avais préparé les billons en avance, et en 2 h quelques 800 arbres étaient plantés !

Les éclaireurs de St Brieuc et Rennes sont également venus l’été dernier pour créer des sentiers nature autour de la ferme, défricher des zones intéressantes et créer des nichoirs à oiseaux et à micromammifères.

Au final, j’essaie de cultiver la biodiversité à tous niveaux : dans le choix des races avec lesquelles je travaille, dans la gestion des parcelles et des bords de champs.
Cela fait un an que je me suis lancé dans l’aventure. J’essaye d’être cohérent dans mes pratiques et tout cela donne du sens à mon travail, de la fierté, de l’énergie. »

Paysans de nature, c’est quoi ?

L’association Paysans de nature est née en Pays de la Loire, de l’expérience d’agricultrices et agriculteurs qui considèrent que les fermes peuvent être gérées avec l’ambition écologique d’un espace naturel, tout en produisant une nourriture saine et de qualité, et en leur assurant un revenu.

Créée en 2021, cette association nationale rassemble des agricultrices et agriculteurs mais aussi des organismes environnementaux, des structures agricoles, des enseignants, des chercheurs et d’autres citoyennes et citoyens.

Elle a pour but de créer des espaces de dialogue entre ces acteurs, à l’échelle de petits territoires, pour favoriser :

  • la biodiversité dans les fermes du réseau, tant au niveau de la gestion des infrastructures agro-écologiques que des itinéraires de cultures
  • l’ouverture des fermes à tous les publics : porteurs de projet, étudiants, grand public, naturalistes…
  • l’installation d’agriculteurs-trices pour lesquelles la biodiversité est un sujet central dans la gestion de la ferme, en dialoguant avec des cédants, en accueillant les porteurs de projet, en mobilisant de la finance solidaire et des naturalistes...

Concrètement, les organismes environnementaux ou agricoles et les paysannes et paysans qui souhaitent s’engager dans la démarche signent des conventions avec l’association nationale. Les fermes engagées sont ensuite accompagnées par les structures animatrices du réseau Paysans de nature de leur territoire. C’est le cas en Bretagne, où une quinzaine d’associations de protection de la nature et organismes agricoles se sont engagés pour porter collectivement le projet, avec le soutien du programme France Nation Verte en 2024, dans une dizaine de territoires pour l’instant.

Pour plus d’informations, contacter le collectif breton : bretagne@paysansdenature.fr


Contact :

Sarah BASCOU, Conseillère en agriculture biologique, 06 73 36 93 88, sarah.bascou@remove-this.bretagne.chambagri.fr


Pour aller plus loin sur le thème de la biodiversité, consultez nos précédents numéros à la rubrique biodiversité

Guide pour des végétaux propices aux auxiliaires de culture

 


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