Produits laitiers bio : un premier semestre 2023 compliqué en France

Les produits laitiers biologiques, à l’instar de l’ensemble des produits bio, connaissent ces derniers mois des baisses inédites de leurs ventes au niveau national. Un contexte très compliqué pour les filières et pour les producteurs qui ont vu, une nouvelle fois en 2023, leur prix payé aux 1000 l de lait passer sous le prix du conventionnel avec pour conséquence un d. éclassement du lait bio, et une baisse de la collecte

Le recul des ventes de produits bio se poursuit en France

Les produits laitiers biologiques n’échappent pas à la tendance générale observée sur l’ensemble des produits bio : les ventes du label accusent en effet un recul de 11,4 % en volumes sur un an, entre juillet 2023 et juillet 2022. Une tendance à corréler inévitablement au chiffre d’affaires (-4,1 % sur la même période, malgré l’inflation).

D’après Les Marchés (sources- j  (juillet 2023), les produits laitiers bio subissent un retour en arrière de plusieurs années : les ventes en volumes (en cumul annuel à fin mai 2023) sont retombées en équivalent lait au niveau moyen compris entre septembre 2017 et septembre 2018. Mais entre cette période et aujourd’hui, la collecte a progressé de 55 % d’après le Cniel .

Baisse des volumes collectés Les conséquences pour les produits laitiers biologiques  

Cette baisse de consommation a, comme l’année dernière, des conséquences directes sur le déclassement, qui continue à être pratiqué en 2023, et les prix payés aux producteurs. L’histoire s’est en effet répétée à partir d’avril 2023, où le prix moyen du lait bio a atteint les 463,8 €/1 000 l, tandis que le prix du conventionnel se maintenait à 468,6 €/1 000 l d’après Agreste. Eurial s’est cependant distingué, tenant sa promesse de ne pas payer le lait bio moins cher que le conventionnel, versant une avance aux producteurs bio (source : Grands troupeaux magazine, juillet 2023). La coopérative précise d’ailleurs que depuis deux ans, elle a assisté à onze retours au conventionnel. Du jamais vu, mais qui se justifie avant tout par des configurations d’exploitation moins adaptées au bio, avec notamment en cause un manque de surface ne favorisant pas l’autonomie alimentaire du troupeau.

Un phénomène qui, en se généralisant, engendre une baisse des volumes collectés : entre janvier et mai 2023, la collecte a diminué de 5 % en Bretagne par rapport à la même période de l’année précédente.

Malgré une situation complexe, de nombreux professionnels s’accordent aujourd’hui pour dire qu’après des années de croissance rapide, le marché du lait bio n’en n’est tout simplement qu’à une phase d’ajustement. Certes l’inflation joue un rôle non négligeable, engendrant une baisse de consommation, mais le rythme élevé des conversions de ces dernières années avait créé un déséquilibre entre offre et demande. Dans leur dernière étude prospective, le Crédit Agricole évoquait une stabilisation fin 2024, après une baisse significative de la collecte, à environ 1 milliard de litres sur le territoire national (cf graphique ci-dessous)  (soit 4,5 % de la collecte globale). La consommation de lait liquide et de yaourt devrait progresser, se maintenir en beurre, et rester marginale en fromages et crèmes (Prisme 2040, Crédit Agricole, juillet 2023).

Source : tableau extrait de la publication Prisme 2040, Crédit Agricole, juillet 2023

Les laiteries demeurent confiantes, surveillent attentivement les volumes, et bien que les conversions ne soient pas à l’ordre du jour, les installations se poursuivent et sont même encouragées.

Contact :

Maëlie TREDAN - Chargée de mission Service Economie-Emploi - Tél. 06 30 99 70 85 - Mail : maelie.tredan@remove-this.bretagne.chambagri.fr