Une oasis de biodiversité grâce aux PSE

Christian Le Cœur a ouvert une oasis de biodiversité en s’appuyant sur son exploitation conduite en agriculture biologique. Le contexte bocager, la proximité de Quimper et le concours d’un acteur économique à travers une démarche PSE ont contribué à cette réalisation. Il nous raconte ses motivations, la mise en place d’un PSE et ses satisfactions.

La valorisation des terres familiales

Comme il aime à le dire, Christian Le Cœur est un « jeune agriculteur de 60 ans » après une carrière professionnelle dans l’industrie de près de 30 ans. Il a toujours eu à cœur de mettre en valeur les terres et les bâtiments de l’exploitation familiale. En 2008, Christian prend le statut de cotisant solidaire. 2020, c’est le grand saut : il s’installe agriculteur en laissant ses anciennes activités. C’est l’accès à du foncier complémentaire qui l’encourage dans cette voie pour disposer d’une surface actuelle de 46 ha et l’accompagnement qu’il trouve auprès de la Chambre d’agriculture.

Après une année de réflexion, la décision de convertir l’exploitation à l’agriculture biologique est prise. L’exploitation produit quelques bovins viande commercialisés en vente directe auprès de particuliers, des cultures de vente et des fourrages. Parmi les cultures de vente, le sarrasin et le blé panifiable sont orientés vers des meuniers locaux. Des ventes de fourrage sont réalisées auprès d’éleveurs du secteur. Christian produit également du lin oléagineux qui sera valorisé par les animaux avec pour objectif de commercialiser une partie en vente directe.

De multiples façons d’échanger entre voisins et agriculteurs

L’exploitation est en partie située sur Quimper et Briec. L’ensemble de l’exploitation bénéficie d’un environnement bocager remarquable attenant à la vallée du Stangala, lieu emblématique des environs quimpérois. Christian aime échanger sur le fonctionnement de l’exploitation. Il se prête au jeu en accueillant les vacanciers du gîte voisin. Il complète avec l’accueil de ruches d’un apiculteur voisin dans les parcelles de blé noir. Aujourd’hui, il est en lien avec 2 apiculteurs intéressés non seulement par le blé noir mais aussi les bandes fleuries, les arbres dont les châtaigniers. C’est aussi les échanges avec ses voisins, fins observateurs de la nature, devant les chevreuils ou oiseaux qui circulent dans les parcelles.

En tant que quimpérois et grâce à son parcours professionnel, Christian a tissé des liens avec les différents acteurs économiques de la capitale de la Cornouaille. Attaché à conserver l’environnement bocager de son exploitation, il aime échanger sur son activité agricole. Il entre en contact avec Daniel Sauvaget de l’entreprise Ecomiam. Cette rencontre se réalise par l’association Alli’Hommes. Ils échangent sur leurs activités et concluent à un partenariat mettant en avant la biodiversité de l’exploitation à travers un parcours mis en place sur un ensemble de parcelles. Ce parcours a pour vocation d’expliquer l’intérêt et le fonctionnement de la biodiversité dans les parcelles agricoles ou forestières. L’idée de mettre en place un PSE (paiements pour services environnementaux) a germé. Il s’agit de rémunérer les actions agricoles en faveur de l’environnement.

Une démarche gagnant-gagnant entre partenaires

Tout commence par un diagnostic de biodiversité réalisé par Bretagne Vivante qui propose de mettre en place des bandes fleuries, des couloirs écologiques pour la circulation des animaux y compris les insectes, d’établir des haies sèches avec les branchages élagués pour accueillir oiseaux, mammifères et insectes. L’idée de départ était de mettre toutes ces actions dans un PSE qui permettrait de prendre partiellement en charge ces aménagements. Au regard des dispositifs existants et des pratiques réalisées et envisagées par Christian, la contractualisation d’une MAEC Gestion des haies est engagée et certaines surfaces non-éligibles seront prises en compte dans la démarche PSE.

En contrepartie, l’entreprise Ecomiam prévoit un dédommagement de Christian lors des visites qui s’organisent sur le site. Ces visites sont organisées à la demande d’entreprises comme d’écoles ou de collectifs qui s’intéressent à la relation entre la production agricole et l’environnement. Inaugurée en juin, l’oasis de biodiversité a déjà accueilli près de 230 personnes à travers des visites guidées par Christian. A ce jour, le partenariat a permis de financer le parcours sur un ensemble de parcelles et les différents panneaux qui y sont présentés sur ce parcours de près de 1.5 km. Les différentes stations permettent d’expliquer et d’échanger sur les interactions entre la biodiversité et l’activité agricole.

L’intérêt que trouve Christian dans cette démarche c’est, en tant qu’agriculteur, de rencontrer différents publics : scolaires, familles, entreprises… C’est un moment privilégié pour l’exploitant de communiquer positivement sur ce qu’il fait et Christian n’envisage pas de déléguer cette communication. « Ce sont des images de nous-mêmes que l’on donne ». Lors des visites, c’est aussi des contacts pris notamment pour des produits commercialisés en vente directe. La participation financière d’Ecomiam est un encouragement à cette démarche et le temps investi par Christian lors des visites sera également valorisé. Pour Ecomiam, cela fait partie de sa RSE (Responsabilité sociétale et environnementale) : tout en étant dans une démarche volontaire, Ecomiam est acteur pour une préservation de la biodiversité et communique auprès de sa clientèle et ses fournisseurs de cet engagement.

Déjà 230 visiteurs

Le début de ce travail a commencé en novembre 2022 pour aboutir le 28 juin dernier. Le lancement officiel s’est concrétisé par l’inauguration du parcours avec les différents partenaires avec la présence notamment de Christiane Lambert, ancienne présidente de la FNSEA, ainsi que différents acteurs agricoles locaux.

Avec déjà près de 230 visiteurs guidés par Christian, le projet est voué à accueillir le public d’avril à mi-septembre. Une activité déjà inscrite durablement pour Christian.

La démarche PSE est une démarche volontaire entre un agriculteur et une entreprise qui souhaite s’inscrire dans une démarche encourageant ou œuvrant pour répondre à des enjeux environnementaux. Toute exploitation est potentiellement éligible à cet outil et peut rentrer en contact avec des entreprises souhaitant participer au développement des actions en faveur de l’environnement. Il s’agit de se rencontrer soit directement, soit par l’intermédiaire d’un accompagnement.

Pour aller plus loin

• Les paiements pour services environnementaux en agriculture (Site du ministère de l’agriculture)
• Association Alli’Hommes
• Formation - Connaître et reconnaître les auxiliaires des cultures

Contacts

• Paul Landrain, Conseiller agronomie Agrobiologie - 07 89 67 22 26, paul.landrain@remove-this.bretagne.chambagri.fr
• Vincent Le Talour, Chargé d'études Politiques territoriales environnementales - 06 75 54 46 00, vincent.letalour@remove-this.bretagne.chambagri.fr