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Luzerne et trèfle violet, les atouts protéines !

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La luzerne et le trèfle violet sont des légumineuses intéressantes pour améliorer l’autonomie en produisant un maximum de protéines à l’hectare. Si elles ont tout pour plaire, il est important, pour bien les exploiter, de connaitre leurs spécificités.

Grace à leur capacité à capter l’azote atmosphérique, la luzerne et le trèfle violet peuvent se passer de fertilisation azotée et produisent des fourrages riches en protéines.
Ces deux légumineuses partagent au moins trois autres atouts :

  1. Ce sont des plantes productives. En Bretagne, le rendement moyen de la luzerne est de 12 à 13 t MS/ha et celui du trèfle violet de 10 à 12 t MS/ha.
  2. Récoltés au stade début bourgeonnement, la luzerne et le trèfle violet sont les fourrages qui produisent le plus de protéines à l’hectare : respectivement 2,6 et 2,2 t/ha.
  3. Ce sont de bonnes têtes de rotation qui contribuent à diminuer les besoins en azote pour les cultures suivantes et à améliorer la structure du sol.
     

Si elles ont des points communs, il faut également connaitre leurs spécificités pour bien les valoriser.

La luzerne résistante à la sécheresse, le trèfle violet adapté aux sols acides

La luzerne offre une grande résistance à la sécheresse. Grâce à ses racines pivotantes qui peuvent aller chercher l’eau en profondeur, elle continue à pousser par forte chaleur. Mais pour exprimer son potentiel, elle doit être implantée dans des sols sains, profonds et pas trop acides. La luzerne se caractérise par une faible teneur en sucres solubles nécessaires à l’acidification et donc à la bonne conservation du fourrage. Cette difficulté est renforcée par son « pouvoir tampon » qui ralentit la vitesse d’acidification. De ce fait, l’ensilage de luzerne est plus délicat à réaliser.

Le trèfle violet se développe bien dans les terres acides. Les bactéries fixatrices d’azote présentes sur ses racines se développent en condition de forte acidité contrairement à celle de la luzerne. Cependant, il résiste moins bien à la sécheresse, car ses racines fasciculées se développent moins profondément. La valeur alimentaire du trèfle violet est très intéressante : à peine moins riche en matière azotée que la luzerne, il se rapproche des graminées par sa teneur en énergie. Plus riche en sucres solubles, son ensilage est plus facile à réaliser.

Quelques recommandations, gages de pérennité

Garder une luzerne productive 4 ans et un trèfle violet 2-3 ans nécessite une conduite précise :

  • La coupe doit être franche et toujours supérieure à 7 cm ;
  • Prévoir 40 à 50 jours de repousse entre deux coupes ;
  • Laisser fleurir la luzerne et le trèfle violet au moins une fois dans l’année pour leur permettre de reconstituer leurs réserves, nécessaires pour passer l’hiver (10 % de fleurs suffisent) ;
  • Pour la luzerne, il faut arrêter la récolte 45 jours avant les gelées pour faciliter le redémarrage au printemps à une hauteur de coupe plus élevée (proche de 10 cm).

Il est également important de soigner le semis. On peut semer le trèfle et la luzerne au printemps ou à la fin de l’été. La période est souvent déterminée par la nature du précèdent semis et sa date de récolte. Le semis de printemps est favorable au développement des légumineuses, mais on n’assure qu’une demi-production au cours de l’année. Dans ce cas, les deux légumineuses peuvent être semées à partir du 1er mars, en veillant à le faire suffisamment tôt pour qu’elles se développent avant les risques de sécheresse. En été, il faut semer le plus tôt possible en août et avant le 15 septembre pour que les jeunes plants soient assez développés pour affronter l’hiver et les premiers gels.

Particularité de la luzerne, il est impératif d’inoculer les semences juste avant le semis pour favoriser l’installation et le développement des nodosités. L’inoculum contient la bactérie Rhizobium qui permet, par symbiose avec la luzerne, de capter l’azote de l’air.

Les semences de luzerne et de trèfle violet sont de petite taille. Il est important de semer superficiellement (1 cm) sur un lit de semences fin et émietté, rappuyé en profondeur. En pur, la luzerne sera semée à la dose de 20 kg/ha. On choisira des variétés de type flamand, à tiges fines et résistantes aux maladies (sclérotinia, verticiliose, nématodes). Pour le trèfle violet, on sèmera 15 à 20 kg/ha de diploïde ou 20 à 25 kg/ha de tétraploïde. On choisira des variétés pérennes et résistantes aux maladies.

Plus de 30% de MS pour un bon ensilage

Le stade de récolte optimal à la première coupe (compromis entre le rendement et le taux de MAT) se situe, pour la luzerne et le trèfle violet, de début bourgeonnement à bourgeonnement. C’est aussi le stade où la teneur en sucre est maximale ; il est donc à privilégier. La valorisation d’une parcelle de luzerne ou de trèfle violet combine souvent les différents modes de récolte : la 1e coupe en ensilage ou en enrubannage, les 2e et 3e coupes en enrubannage ou en foin et la 4e coupe en enrubannage ou en affourragement en vert. Cependant, en fonction des caractéristiques de chaque espèce, certains modes de récolte sont plus appropriés.

L’ensilage est plus difficile à réaliser avec de la luzerne, mais tout à fait possible. Comme la teneur en sucres de ce fourrage est faible (de 7 à 8 % contre 15 à 20 % pour des graminées comme le ray-grass), et qu’au contraire ses teneurs en protéines et minéraux sont élevées, la baisse du pH essentiel à la conservation nécessite l’augmentation du taux de matière sèche jusqu’à plus de 35%. Un préfanage est donc recommandé. En dessous de 30 %, le recours à un conservateur est obligatoire. Pour le trèfle violet, l’ensilage est bien adapté car il est un peu plus riche en sucre et son pouvoir tampon est plus faible que celui de la luzerne. Tout comme pour la luzerne, à partir de 30 % de MS, il est possible de se passer de conservateur. Pour ces deux légumineuses, la coupe fine du fourrage facilitera le tassement et assurera une meilleure conservation.

La récolte en foin de la luzerne est possible mais demande des précautions pour limiter la perte des feuilles. Pour le trèfle violet, elle est déconseillée. En effet, il est naturellement riche en eau, son fanage est long et les risques de perte de feuilles sont importants. La récolte en foin est possible quand il est cultivé avec une graminée fourragère.

L’enrubannage convient bien aux deux légumineuses et il est plus facile à faire, une fois les premières coupes réalisées. C’est un bon compromis pour préserver les feuilles et permettre une bonne conservation. Il faut juste prévoir des couches de plastique supplémentaires pour éviter la perforation par les tiges, en particulier pour la luzerne.

L’affourragement en vert est également possible pour la luzerne comme pour le trèfle violet, notamment à l’automne quand le séchage au sol devient difficile. Il faut veiller à distribuer des repousses d’au moins 40 jours et ne pas dépasser 5 kg MS/VL/j en complément de l’ensilage de maïs.

De bonnes performances animales

De nombreux essais ont été conduits dans les stations expérimentales du Grand Ouest. De 2008 à 2010 à la ferme des Trinnotières (49), et plus récemment, de 2016 à 2019, dans le cadre du projet SOS protéines, dans les fermes de la Jaillières (44), de Mauron (56) et des Etablières (85).

Pour les vaches laitières, l’introduction dans la ration hivernale d’ensilage de luzerne ou de trèfle violet ou d’enrubannage de luzerne permet de maintenir les performances laitières avec un apport de concentré énergétique en substitution d’un correcteur azoté. Seule l’utilisation d’un foin de luzerne à hauteur de 50 % des fourrages entraine une chute du lait brut.

Pour les jeunes bovins viande recevant une ration à base de blé, l’enrubannage de luzerne ou de trèfle violet peut remplacer le tourteau de soja dans les rations d’engraissement, à condition qu’il soit de bonne qualité pour maintenir la densité énergétique et protéique de la ration.

Pour les génisses en finition à forte capacité d’ingestion (charolaises) et pour les vaches de réforme de race à viande ou laitière, l’enrubanné de luzerne récolté au bon stade permet de remplacer intégralement le tourteau de soja dans des rations ensilage de maïs + soja. Dans ce cas, on atteint l’autonomie énergétique et protéique totale de la ration.

En bovins lait, La luzerne et le trèfle violet  sous différentes formes permettent de s’affranchir d’une partie de l’ensilage de maïs et de diminuer l’apport de concentrés azotés, tout en maintenant de bonnes performances. En bovins viande, on peut même s’affranchir de la ration maïs + soja. Dans tous les cas, l’autonomie alimentaire et protéique s’en trouve améliorée, ce qui est un enjeu important en production bovine.

Comment faire un bon foin de luzerne ?

  • Jour 1 / fauche le matin (barre de coupe classique) et fanage doux juste après la fauche
  • Jour 2 / séchage au sol
  • Jour 3 / fanage doux tôt le matin si besoin et séchage au sol
  • Jour 4 / séchage au sol et andainage à la rosée du soir (ou le lendemain matin)
  • Jour 5 / pressage vers midi

Notre référente est à votre écoute :

Elodie TRANVOIZ - Chargée d'études et de conseil Alimentation Environnement  - Tél. : 02 98 52 48 02 - Mail : elodie.tranvoiz@remove-this.bretagne.chambagri.fr