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Les intercultures d'été : associer production et pâturage

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Dans un contexte de répétition de fortes chaleurs et d’absence de pluie en été, les intercultures d’été offrent une ressource fourragère supplémentaire en été pour sécuriser et renforcer l’autonomie alimentaire sur les élevages bretons.

Semées en fin de printemps, les intercultures ont l’avantage d’être résistantes au sec et de pouvoir assurer une croissance en période critique en prenant le relais des prairies pour le pâturage. Elles permettent aussi de maintenir une surface de pâturage disponible aux animaux dans une problématique de renouvellement de prairies, notamment avec des surfaces accessibles limitées.

Des espèces résistantes en été

En partenariat avec les éleveurs, les Bassins Versants concernés et Barenbrug, 24 plateformes ont été suivis sur la Bretagne entre 2021 à 2023. Le choix des intercultures a été donné en priorité au pâturage et à un développement à cycle court. L’objectif était de produire un fourrage disponible aux vaches à partir de début juillet et en été. Le semis a été réalisé avant le 15 mai après une prairie dégradée ou un méteil récolté précocement, afin d’assurer une bonne implantation en bénéficiant  des précipitations de fin de printemps. Il y a eu aucune fertilisation minérale, ni utilisation de produit phytosanitaire durant l’implantation. Juste une fauche de nettoyage si nécessaire.

La particularité de ce projet réside dans le test de plateformes d'intercultures estivales identiques sur chaque exploitation participante. L’objectif était de tester les mêmes modalités d’intercultures et à des densités équivalentes sur des zones pédoclimatiques différentes en Bretagne. Cela a permis de produire des références fiables et reproductibles pour les éleveurs. Des observations tous les 20 jours du semis jusqu’à la récolte ont été réalisées.

La récolte a été déclenchée au stade d’un fourrage pâturé de qualité pour l’alimentation des animaux. Soit 14 cm hauteur herbomètre sur la modalité RGI/TA lors du 1er cycle et 14 cm hauteur herbomètre sur la modalité chicorée/TA lors du 2ème cycle.

Dans l’ensemble les différentes modalités présentent un bon compromis entre rendement et qualités alimentaires. En moyenne la production de fourrage est évaluée à 4.3 T MS/ha sur 2 cycles de production et 100 jours d’implantation. Les 2/3 du rendement sont réalisés sur le 1er cycle début juillet. Le 2ème cycle est récolté fin août. En 2022 malgré des conditions sèches et peu de précipitation certaines modalités ont affiché 1.5 T MS/ha au 2ème cycle en seulement 47 jours de pousse.

L’avoine et le colza présentent des croissances soutenues confirmant leur capacité à produire rapidement mais sont peu pérennes. Le RGI et le trèfle Alexandrie supportent moins les fortes températures. Cependant le RGI/colza reste une valeur sûre en termes de productivité et de valeur alimentaire, à condition que les ravageurs tels que les altises ou les limaces ne soient pas de la partie. Le teff grass et la chicorée ont davantage montré une capacité de repousse après la première récolte et dès l’apparition des premières pluies pendant l’été. Même si le teff grass a tendance à épier à tous cycles, l’ensemble des modalités testées affichent des valeurs alimentaires autour de 1 UFL avec des teneurs en azote supérieur à 20 % de MAT sur chaque cycle de récolte. Le développement feuillu de la chicorée et du colza affiche une meilleure digestibilité et facilite le pâturage par les animaux.

Adapter les intercultures à ses besoins

Avec un semis au printemps, les intercultures estivales offrent la possibilité de produire un fourrage de qualité à pâturer en été. Le choix des espèces dépend du nombre d'exploitations envisagées et de la culture prévue ensuite dans l’assolement. Pour une seule exploitation et un semis fin d’été, il est recommandé d’opter pour des mélanges à implantation rapide tels que l'avoine ou le colza. Si plusieurs exploitations sont envisagées, il est préférable de choisir un mélange avec de bonnes capacités de repousse. Malgré des rendements plus faibles lors du 1er cycle de récolte, les mélanges contenant de la chicorée et du teffgrass se révèlent intéressantes sur l’été.

Témoignages d'éleveurs

Florent Bodin Gaec Monbreuil à Montauban de Bretagne (35), 2021

 « Après les intercultures, j’ai semé une céréale début novembre. J’ai été surpris par la chicorée. Elle s’est bien développée, et n’a pas cessée de pousser jusqu’au semis des céréales. Avec le RGI, c’est une des modalités qui a le plus plu aux vaches. Début novembre, le RGI et Teff grass étaient encore présents au contraire des autres modalités. Même si le colza était appètent, il n’a pas été au-delà d’un cycle. L’avoine était trop avancée et les vaches ont eu des difficultés à la pâturer. Chaque modalité a son stade de récolte, il faut être attentif à leur développement pour garantir une bonne valeur alimentaire au pâturage. Si je retiens quelque chose de la plateforme d’essai, c’est l’assurance du RGI/TA et la pérennité de la chicorée».

Nicolas Coatrieux, Gaec de la Croix de Bodudo à Vieux Bourg (22), 2022

« Sur notre exploitation, l’accessibilité autour du bâtiment est limitée » rapporte Nicolas Coatrieux. « Certaines prairies fatiguent et je recherchais une culture pour les renouveler sans pénaliser la surface pâturable. La plateforme d’essai était l’occasion de tester plusieurs espèces. Le semis a été réalisé le 17 mai après destruction de la prairie. Un 1er pâturage a eu lieu le 8 juillet. Les vaches ont préféré l’avoine au teff grass. Mais au final tout a été consommé. Avec cette année séchante, j’étais content de retrouver un fourrage fin août ».

GAEC Catillan à Maxent (35), 2023

« Nous sommes inscrits dans une filière bleu blanc cœur basée sur le pâturage. Suite à la sécheresse de 2022, nous avons souhaité tester les intercultures estivales pour refaire nos prairies sans diminuer notre surface accessible. Les essais se sont montrés concluants : nous avons pu faire 5 pâturages cet été sur la plateforme avec des retours plus rapides que sur certaines de nos prairies. J’ai une préférence pour la modalité chicorée/TA/avoine qui a donné en continu sur l’été et qui été appréciée par les vaches. La modalité teff grass est plus difficile à gérer et semble moins appétente. A l’avenir je pense mettre en place une interculture estivale à base de chicorée pour refaire les prairies accessibles ».

Des fiches techniques existent sur la synthèse des 3 années d'essais ainsi que sur les caractéristiques techniques et économiques de chaque modalités testées
 

> Pour plus d'informations, contacter le référent du projet.

Voir en vidéos :

Intercultures estivales : une réponse au réchauffement climatique

Afin d’accompagner les éleveurs face au changement climatique et aux déficits fourragers chroniques en été, la Chambre d'agriculture Bretagne a mis en place depuis 3 ans des plateformes d'essais d’intercultures estivales sur toute la région. En partenariat avec les éleveurs, les Bassins Versants concernés et Barenbrug, 7 à 8 hectares/an ont été suivis de 2021 à 2023.

Produire du fourrage de qualité l’été avec des intercultures estivales

Dans cette vidéo, découvrez les essais d'intercultures estivales menés en Bretagne pour répondre aux besoins des éleveurs en période de chute de fourrage.

Notre référent est à votre écoute :

Stéphane BOULENT - Conseiller fourrage et production laitière biologique - 06 22 53 20 19 - stephane.boulent@remove-this.bretagne.chambagri.fr