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L'enrubannage : une option de récolte flexible mais à risque élevé de pertes

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L'enrubannage présente de nombreux avantages, offrant une méthode de récolte souple, adaptée aux petites surfaces, nécessitant peu de main-d'œuvre et convenant parfaitement au transport routier.

Cette technique gagne en popularité, reléguant parfois l'ensilage d'herbe au second plan dans de nombreux élevages. Cependant, l'enrubannage représente un investissement conséquent, soulignant l'importance de maîtriser sa conservation. Moins de pertes équivaut à plus de fourrage et une valeur alimentaire accrue pour le bétail.

Bien conserver son herbe

La préservation efficace de l'enrubannage devient un enjeu majeur. Bien réalisé et correctement entreposé, le risque de mauvaise conservation et donc de pertes (moisissures, butyrique, etc.), est généralement moindre par rapport à l'ensilage. Malgré cela, l'enrubannage est de plus en plus pointé du doigt en cas de problèmes de qualité du lait, notamment liés à l'acidité butyrique. Des organismes tels que le Comité Départemental de Développement de l’Elevage du Morbihan ont examiné de nombreux échantillons d'enrubannage pour comprendre ces problèmes. Il est crucial de ne pas sous-estimer les pertes. L'excuse fréquemment avancée, "ce n'est pas grave, je retire le tour et je le jette...", doit être nuancée, car la perte des 10 premiers centimètres représente déjà 15 à 20 % du fourrage de la botte !

Optimiser sa récolte d'herbe

La récolte d'un fourrage jeune améliore non seulement la valeur alimentaire de l'enrubannage, mais réduit également les risques associés. Les jeunes fourrages présentent une proportion de tiges plus faible, diminuant ainsi le risque de perforation de la bâche et d'entrée d'air. Pour les fourrages riches en tiges (luzerne, méteil, etc.), il est recommandé d'augmenter le nombre de couches, passant à un minimum de 4 pour les graminées jeunes et à plus de 8 pour la luzerne conservée plus de 6 mois.

Evitez de faucher trop ras, visant une hauteur minimale de 5 cm, idéalement 7-8 cm, pour faciliter le séchage et éviter l'incorporation de terre, source de spores butyriques.

L'objectif est d'atteindre 50 % de matière sèche avant le pressage. En deçà de 40 %, le risque de formation d'acide butyrique augmente rapidement, tandis qu'au-delà de 70 %, les moisissures deviennent la principale menace. Un enrubannage à 50 % de matière sèche permet de réduire le nombre de rounds d'un tiers pour le même rendement, limitant ainsi les coûts.

Dans des conditions normales, les 50 % de Matière Sèche sont généralement atteints en 2 jours de séchage. Cependant, une journée peut parfois suffire. Les coupes d'automne tardives peuvent rendre plus difficile l'atteinte de ces niveaux, privilégiant un objectif de 40 % de Matière Sèche.
Après une fauche le matin, un fanage immédiat expose au maximum le fourrage au soleil, limitant les pertes. L'andainage, effectué le lendemain matin (juste après la levée de la rosée), doit avoir la même largeur que le pick-up pour garantir des rounds denses et réguliers.

Les presses à chambres variables sont préférables aux chambres fixes, offrant une densité supérieure (+15 à 20 %) et assurant une meilleure stabilité des rounds dans le temps.

Densité obtenue selon la MS et le matériel utilisé

Un point essentiel à noter : l'enrubannage ne doit pas être effectué sous la pluie, car le film n'adhérerait pas suffisamment.

Bien stocker son herbe

Les problèmes de conservation de l'enrubannage trouvent souvent leur origine dans les conditions de stockage, et il est crucial de ne pas laisser le côté "pratique" de cette méthode occulter certaines précautions essentielles.

La première précaution, souvent indiquée sur les rouleaux de plastique, concerne le déplacement rapide des rounds une fois enrubannés. Idéalement, cela devrait se faire immédiatement ou le lendemain matin. Au-delà de 12 à 24 heures, en fonction de la météo et du type de fourrage, la température des rounds augmente rapidement, compromettant l'imperméabilité à l'air des couches de plastique. Une fois stocké, l'enrubannage ne doit plus être manipulé dans les trois semaines suivantes.

Le choix de l'emplacement de stockage est tout aussi crucial. Idéalement, une plateforme stabilisée offre une meilleure conservation, réduit les risques liés à la terre et permet un gain de temps significatif. En cas de stockage au champ, évitez de les placer le long des haies, car le risque de perforation par des oiseaux ou des rats y est plus élevé. Pour les fourrages les plus exposés aux risques de prédation, tels que les mélanges céréaliers, il est recommandé de les couvrir d'un filet ou d'une toile tissée d'ensilage pour les protéger.

Couramment les rounds d’enrubannage sont rangés en quinconce, cette organisation parait intéressante pour avoir un maximum de stabilité mais regardons plus loin ce qui se passe. Première observation : la densité n’est pas homogène dans le round, le tour est la zone la moins dense (surtout en cas de MS faible à la récolte).Deuxième observation, les rounds s’appuient sur une surface plus faible en quinconce (60-80 % environ) que l’un sur l’autre (+95 %). Donc, ranger en quinconce revient à faire supporter le poids des rounds du haut sur une surface plus faible et sur une zone plus sensible à la déformation. Du coup les rounds se déforment et parfois glissent les uns dans les autres. Le risque d’entrée d’air, et donc de perte, est important. Il est donc préférable de ranger les rounds l’un sur l’autre, et de ne pas dépasser 3 hauteurs maximum.

Organisation du stockage de l'enrubannage et son évolution dans le temps

Bien distribuer l’enrubannage

Avant d'entamer la distribution de l'enrubannage, il est impératif que les fermentations se soient stabilisées. Un délai de 2 à 3 semaines est nécessaire, permettant à la fermentation lactique de faire descendre le pH en dessous de 5, notamment pour un fourrage à 50 % de MS (l'objectif étant inférieur à 4,3 pour un ensilage à 30 % de MS, à titre indicatif). Le respect de ce délai est particulièrement crucial pour les fourrages riches en protéines et ceux à fort pouvoir tampon (par exemple, la luzerne), car la baisse du pH sera plus lente.

Un autre point d'importance majeure est la rapidité de consommation après ouverture. L'enrubannage suit les mêmes principes que l'ensilage. Des analyses effectuées dans le cadre du CDDE ont révélé de manière surprenante que le cœur du round était "plus contaminé" en butyrique que le tour. Les échantillons étaient prélevés au fur et à mesure de la consommation de l'enrubannage, avec parfois plusieurs jours entre l'ouverture et la prise d'échantillon du centre du round. La reprise de la fermentation commence dès l'ouverture, créant des conditions favorables à la multiplication des spores butyriques.

Il est donc fortement recommandé de consommer rapidement le round d'enrubannage : un délai de 24 à 48 heures semble approprié, en particulier en production laitière où le risque est plus prononcé.

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Benoît POSSEME - Chargé d'études et de conseil Fourrages Productions herbivores - 06 78 70 74 72 - benoit.posseme@remove-this.bretagne.chambagri.fr