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Santé : maîtriser les troubles respiratoires en élevage allaitant

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On vous explique tout sur les causes, symptômes, soins et prévention des troubles respiratoires en élevage allaitant.

Les troubles respiratoires sont fréquents en période d’hivernage avec des naissances d’été et d’automne. Ils entraînent des retards de croissance, des frais vétérinaires, voire de la mortalité.

Pour les limiter, on peut être tenté d’avoir recours à de la prévention médicale systématique (vaccination voire traitement).

Est-ce indispensable ? Est-ce efficace ? Quelle est la conduite à tenir en cas d’épidémies de bronchopneumonies infectieuses ? Quels sont les autres moyens de prévention ?

Une association de malfaiteurs

Les infections respiratoires sont dues à différents agents infectieux : virus plus ou moins pathogènes, bactéries qui viennent souvent compliquer une infection virale.

Le virus le fréquent et le  plus pathogène est le RSV (virus syncytial respiratoire bovin). Il sévit  souvent sous forme chronique lorsqu’il y a des facteurs de risque lié au bâtiment mais il peut aussi y avoir des épidémies  avec 60 à 80% de malades. Parfois, il peut y avoir formes graves avec détresse respiratoire. Comme le virus PI3, moins dangereux, il précède souvent les infections bactériennes à pasteurelles et la vaccination est possible par voie injectable ou intranasale (cf. tuto ci-dessous). Celle-ci présente l’avantage d’une immunisation plus rapide.

Comment réaliser une vaccination intranasale ?

Chez les bovins, quelques vaccins par voie intra-nasale sont commercialisés. Découvrez dans ce tuto avec Jean-Marie Nicol, vétérinaire, comment effectuer une vaccination intra-nasale selon les bonnes pratiques - Source Réussir Lait
 

 

Un certain nombre de bovins sont porteurs sans symptômes de pasteurelles (Mannheimia haemolytica, Pasteurella multocida). Ces bactéries se multiplient et entrainent des symptômes respiratoires qui peuvent être graves, en cas de facteurs favorisants: surinfection suite à une maladie virale ou à un stress (mise en lots, stress thermique).

Pourtant, il est possible de limiter l’impact sanitaire et économique de ces maladies respiratoires, en mettant les animaux dans de bonnes conditions de vie (conduite, ambiance) et en traitant si besoin mais à bon escient et au bon moment.

 

Des facteurs favorisants souvent déclencheurs

  • Ceux qui augmentent ou diversifient le microbisme (par exemple : introduction de bovins achetés, mélange de veaux d’âges différents),
  • Ceux qui diminuent les défenses des bovins (par exemple : stress du sevrage, changement de bâtiment, souci d’ambiance).

Troubles respiratoires : à soigner sans délai

  • Surveiller les animaux pour repérer rapidement les malades et agir très rapidement,
  • Isoler les malades dans une infirmerie pour limiter la contagion et faciliter les soins. Cette mesure est efficace pour le ou les premiers cas, même si elle est illusoire ensuite.
  • Soigner immédiatement tout animal présentant des symptômes,

Repérer les cas graves à confier à votre vétérinaire :

  • Etat général particulièrement affecté : mollesse, appétit capricieux, relevé difficile,
  • Animal en hypothermie (<38°C), ou forte hyperthermie (>40°C)
  • Bovin particulièrement essoufflé (fréquence respiratoire très augmentée, coup de flanc, respiration bouche ouverte, « cherche l’air »)
  • Présence de flammèches purulentes sortant des naseaux
  • Muqueuses violacées

Ces situations demandent des soins spécifiques qui seront cadrés par votre vétérinaire.

S’il n’y a que de la toux sans fièvre, surveillez l’animal (appétit, température) jusqu’à la disparition « naturelle » des symptômes. Si les signes exprimés ne sont pas graves (toux + faible fièvre sans essoufflement), un traitement doit être réalisé suivant un protocole de soin édicté pour cette situation par votre vétérinaire.

Evaluer l’extension de la maladie sur les animaux du lot

Prenez la température corporelle sur  un échantillon des animaux du lot car même s’ils n’expriment pas de signe flagrant, ils peuvent être en phase d’incubation. Attention, cette opération nécessite une bonne contention, pour travailler en sécurité sans stresser les animaux.

Vous devrez réagir de la façon suivante :

  • Les animaux fiévreux devront être traités.
  • Si plus d’un tiers du lot présente de la fièvre, un traitement collectif devra être envisagé.
  •  Il faudra donc prendre conseil auprès de votre vétérinaire pour savoir quels protocoles de soin utiliser dans ces situations.

Les traitements antibiotiques préventifs sont quant à eux interdits compte tenu du risque de sélection de bactéries antibiorésistance.

Comment prévenir les troubles respiratoires en bovin allaitant ?

Les points clés de la maîtrise :

  • De bonnes conditions d’ambiance
  • Sous nos climats, il vaut mieux opter pour un fonctionnement de ventilation fondé sur le balayage horizontal (effet vent) que sur l’effet cheminée : il faut donc des entrées d’air correctement dimensionnées et protégées à plus 1,5 m du sol, du volume sans excès pour éviter le refroidissement nocturne. L’implantation du bâtiment est essentielle pour permette une ventilation correcte : sauf topographie particulière, l’orientation sera à dominante Est. Enfin, un éclairement correct permet de bénéficier de l’effet asséchant du soleil, tout en limitant l’échauffement.
  • Un diagnostic d’ambiance suivi d’aménagements souvent simples s’avère souvent aussi efficace et rentable qu’une vaccination !
  • De l’hygiène par une limitation de la densité et un bon paillage : 8-10m2/vache + 1 à 3m2/veau selon l’âge.
  • Apporter une alimentation adaptée aux besoins, en ménageant des transitions alimentaires  et disposer d’un abreuvement à volonté.
  • Limiter le regroupement de veaux d’âges très différents (4-5 mois) dans le même bâtiment ou pire dans la même case en regroupant les vêlages et faisant des lots homogènes. Eviter les réallotements de vaches suitées en cours d’hiver,
  • Faire évoluer la période de vêlage si les conditions d’ambiance dans le bâtiment ne peuvent être améliorées,
  • Limiter les stress au cours des opérations de manipulations (soins, allotements) grâce à une contention suffisante,
  • Gestion des entrées : s’assurer des garanties sanitaires (IBR, BVD, paratuberculose…).
  • Etre vigilant sur la provenance et le parcours réalisé par les animaux avant d’arriver, mélanges d’élevages). Préférer des circuits courts (moins de stress).
  • Examiner rapidement les animaux à l’arrivée pour pouvoir refuser des animaux malades.

--> Fiche : "Maîtriser les troubles respiratoires sur les jeunes en troupeau allaitant"

Vacciner avant la période à risques

La vaccination est utile pour réduire l’impact des maladies respiratoires, voire indispensable s’il y a des facteurs de risques importants (mélange de lots, ambiance non maitrisée, récurrence chaque hiver).

Il faut compter de 5 jours à plusieurs semaines, selon les vaccins et les voies d’administration, pour obtenir une réponse immunitaire effective. Lorsque le protocole de vaccination prévoit deux injections, les délais sont plus longs.

Les protocoles de vaccination doivent être appliqués rigoureusement (âge des animaux, dates des rappels, conservation au froid des vaccins, matériel d’injection stérile à usage unique).

La conduite d’élevage est déterminante dans la construction du protocole vaccinal par le vétérinaire.

La voie intranasale ciblée RSV- PI3 trouve sa place dans trois situations pour obtenir une protection rapide :

  • Lors d’une vaccination d’urgence pour des animaux en contact avec des lots atteints,
  • Pour protéger des veaux dès leur plus jeune âge,
  • A l’entrée en stabulation (si apparition de toux dès la rentrée à l’étable les années précédentes).
  • Pour une bonne réponse vaccinale, les conditions suivantes doivent être respectées : animaux bien nourris et en bonne santé, maîtrise des stress, bonnes conditions de vie.

Nos référents sont à votre écoute :

Marylise LE GUENIC - Vétérinaire chargée d'études et de conseil Santé, Bien-être Production - Tél. : 06 78 70 71 44 - Mail : marylise.leguenic@remove-this.bretagne.chambagri.fr