Connaître ses coûts de mécanisation et déterminer sa stratégie d’équipement
En exploitation agricole, la stratégie de mécanisation impacte fortement la performance économique de l’entreprise et également la charge de travail à assumer.
Un poste conséquent avec des écarts importants selon les choix d’investissements
Dans un élevage spécialisé lait, le poste mécanisation, et principalement la traction, représente autour de 22% du coût de production du litre de lait, soit près de 100 € pour 1000 litres. Pour les plus économes, il représente 18% du coût de production et 28% pour les plus dépensiers (investissements en propre, optimisation fiscale, etc.). Le contexte économique laitier est devenu fluctuant. Pour passer les périodes plus difficiles, la capacité de résistance peut se construire en travaillant sur le modèle économique de l’exploitation et en particulier la maîtrise des investissements et des consommations d’intrants.
Différents outils de calcul disponibles
Le premier support d’analyse est la comptabilité de l’exploitation elle-même, sachant que les différentes charges liées à la mécanisation figurent dans différents endroits et nécessitent un petit travail de retraitement. Par exemple, le coût du matériel en propre va se retrouver dans les charges opérationnelles, dans les charges de structure (entretien du matériel) et dans les amortissements. Les charges de main-d’œuvre des travaux réalisés par tiers sont incluses dans les charges opérationnelles alors que les charges de main-d’œuvre des salariés de l’exploitation et des exploitants ne le sont pas !
La Fédération des CUMA propose des outils spécifiques de calcul des charges de mécanisation dont certains sont en libre accès sur le net et donnent des repères de niveau de charges selon des références établies (exemple: Mécaflash pour un repère personnalisé à son exploitation). D’autres outils permettent de calculer le coût de mécanisation à un instant T pour une année N (exemple : Mécagest) selon une méthode reconnue qui s’affranchit des biais occasionnés par les choix d’amortissements comptables et par la présence de part de main d’œuvre dans certaines prestations.
Calculer le coût par intervention en incluant son temps de travail
Il est donc intéressant de procéder au calcul du prix de revient d’une intervention réalisée par soi-même. Cela permet de comparer sa compétitivité économique avec les prestations proposées localement par les tiers CUMA et ETA et d’évaluer ainsi la valorisation de la main d’œuvre consacrée au chantier. Dans une situation de temps contraint, c’est particulièrement éclairant pour décider. Les coûts outils et tracteur sont relativement aisés à retrouver (cf. document Coûts des opérations culturales 2022 . Il s’agit aussi de prendre en compte le temps de travail nécessaire à la réalisation de chantier selon l’équipement et le débit de celui-ci. Ne pas négliger dans ce travail les temps annexes - attelage, préparation entretien, réglages, déplacement…- qui ont leur importance aussi.
L’outil AgriSim proposé par les Chambres d’Agriculture de Bretagne vous permet d’évaluer vos charges de mécanisation et de simuler l’impact des évolutions possibles sur les marges et le temps de travail. Contact : Didier Debroize - 06 25 97 87 23 - didier.debroize@ bretagne.chambagri.fr
Déléguer les travaux, une solution pertinente
Chacun peut déterminer les travaux à réaliser sur son exploitation qu’il est préférable de déléguer en prestation totale (main-d’œuvre comprise) ou d’investir en collectif (CUMA ou copropriété ou location) sur certains matériels. L’objectif est de mettre en œuvre des chantiers performants, c’est à dire économes en carburant et en main-d’œuvre.
Par exemple, la consommation carburant sur un tracteur de 170-180 cv représente, aux prix actuels, un très gros poste de charge horaire (voire le principal avant amortissement).
Aussi, avec un GNR à 0,80€ /litre et une consommation de 20l/h (pour un 175cv au taux de charge de 50%), la consommation représente une dépense horaire de 16€. Une très bonne valorisation de l’heure d’utilisation de l’automoteur est donc un impératif.