Comment réduire les antibiotiques en élevage bovin
L’exposition des bovins aux antibiotiques a baissé d’un quart en une décennie. Ce résultat est conforme aux objectifs du plan Ecoantibio 1. Des efforts restent à faire, notamment au tarissement. Les éleveurs sont les premiers bénéficiaires d’une baisse des antibiotiques vétérinaires.
Trois raisons de réduire les antibiotiques en élevage bovin lait
1. Pour améliorer le revenu de votre exploitation
Réduire les antibiotiques c’est investir dans la prévention et l’observation des animaux. Des démarches payantes. Vous gagnerez plus, en moyenne, par la limitation des pertes induites par les troubles de santé que par l’économie de produits vétérinaires. Consultez notre page sur la maîtrise des coûts de santé en élevage bovin
2. Pour préserver la santé de vos animaux, la vôtre et celle de l’environnement
L’utilisation d’antibiotiques entraine toujours un risque d’apparition d’antibiorésistance. C’est moins vrai pour les intra-mammaires, appliquées dans la mamelle. Si vous réduisez les traitements, vous avez moins de lait non commercialisable, produit pendant le traitement ou le délai d’attente. Or ce lait non commercialisable est souvent donné aux veaux. Cela peut avoir des conséquences sur leur santé mais aussi sur celle de la personne en contact étroit avec lui pour le soigner.
3. Pour tirer parti de la réglementation sur le traitement sélectif
Il est interdit d’utiliser des antibiotiques à titre préventif depuis 2022. Le traitement sélectif au tarissement devient donc une nécessité. C’est aussi une stratégie efficace et rentable. N’hésitez pas à consulter notre page sur le traitement sélectif au tarissement .
Choisissez vos priorités de réduction
Faites le point sur vos usages d’antibiotiques, au travers du bilan de santé de votre troupeau, possible grâce à vos enregistrements des traitements.
Voici quelques repères :
Pathologies | Situation Bonne | Situation | Situation dégradée |
Mammites | ≤ 30 % | 30% à 60% | < 60% |
Problèmes de pattes | ≤ 8 % | 8% à 20% | < 20% |
Non-délivrances | ≤ 8 % | 8% à 20% | < 20% |
Métrites | ≤ 5 % | 5% à 15% | < 15% |
Avortements | ≤ 0 % | 0% à 10% | < 10% |
Réduire, c’est d’abord éviter d’en avoir besoin !
Si certains troubles de santé sont trop fréquents, la priorité sera d’investir dans la prévention.
La prévention, c’est la première solution pour diminuer les antibiotiques : c’est elle qui permet le meilleur résultat économique et préserve l’organisation du travail.
Elle passe par de bonnes pratiques de biosécurité et d’élevage et si besoin par la vaccination.
Traiter quand il faut, comme il faut
La qualité du diagnostic, le respect du protocole de soin et de l’ordonnance sont des éléments essentiels. Ils optimisent les chances de guérison de l’animal, limitent les risques de diffusion de la maladie et le risque d’antibiorésistance. Complétés de l’enregistrement des traitements et de l’identification des animaux et du rinçage du matériel, ils permettent d’éviter les risques de contamination accidentelle du lait ou de la viande par des résidus.
Utiliser des alternatives efficaces et sans risque lorsqu’elles existent.
C’est souvent le premier réflexe : « par quoi remplacer les antibiotiques? ». Malheureusement, les preuves d’efficacité d’alternatives sont peu nombreuses. Comme pour les autres médicaments, leurs usages sont règlementés.
Consultez la page Médecines alternatives et complémentaires interfilière
Des pistes d’actions pour réduire les antibiotiques en élevage bovin
Retrouvez ci-dessous les différentes voies de réduction des antibiotiques pour les boiteries, les diarrhées néonatales, les maladies respiratoires et les infections mammaires
Réduire | Les boiteries | Veaux par voie orale | Respiratoire | Mammites en lactation | Tarissement |
les antibiotiques | |||||
1.Prévention sanitaire | Qualité, hygiène et humidité des sols, alimentation | Colostrum, isolement des malades | Mélanges d'animaux, ambiance du logement | Traite logement | Hygiène des injections, du logement |
2.Prévention médicale |
| Vaccination possible | Vaccination possible | Vaccination possible |
|
3.Rationnaliser les usages : diagnostic | Lever les pieds | Diagnostic épidémiologique et kits rapides | Prise de température. Recours au laboratoire | Utilisation des comptages cellulaires et des enregistrements de mammites. Bactériologie | Utilisation des comptages cellulaires et des enregistrements de mammites |
4.Rationnaliser les usages : | Antibiotique par voie générale réservé au panaris. | Pas de traitement antibiotique sur les diarrhées non bactériennes. | Décision de traitement individuel ou collectif | Traitements de première intention, de deuxième intention, ne pas traiter de vaches incurables | Traitement antibiotique seulement curatif. |
5. des alternatives efficaces et sans risque si respect des règles d'utilisation | Parage | Lactoferrine, lactoperoxydase ? Phyto-aromathérapie ? | Phyto-aromathérapie ? |
| Obturateur |
Le saviez-vous ?
- 23 % en 10 ans
En 10 ans de 2011 à 2021 l’exposition globale des bovins a diminué de 23,0 % pour les bovins. Le principal poste d’utilisation des antibiotiques est la mamelle. Le nombre de traitements intra-mammaires par vache laitière a diminué de 33,9 % par rapport à 2011. Il est de -12,6 % pour les traitements administrés au tarissement et -49,4 % pour les traitements en période de lactation.