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Traiter sélectivement au tarissement

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On attend d’un bon tarissement qu’il permette à la vache de se reposer et de bien repartir en lactation avec une mamelle saine. Si les antibiotiques sont utiles pour guérir les vaches infectées, les obturateurs sont des alternatives qui ont montré leur efficacité et leur rentabilité pour les autres vaches, à condition de bien les utiliser. Le traitement sélectif est aussi conforme à la nouvelle règlementation européenne sur le médicament vétérinaire. 

Agissez dans le contexte d’aujourd’hui

Les niveaux d’infections mammaires et l’absence d’autres moyens de prévention ont justifié il y a une cinquantaine d’années de traiter tous les quartiers mammaires avec des antibiotiques hors lactation d’une persistance d’au moins trois semaines. Cela permet de guérir les quartiers infectés et d’éviter une part significative des nouvelles infections. Les décennies suivantes ont vu apparaitre des spécialités vétérinaires à plus longue persistance, sans pouvoir pour autant assurer une prévention contre les infections au vêlage les plus sévères. Parallèlement la santé mammaire s’améliorait, et la part de vaches à guérir est devenue de plus en plus faible.

Des preuves d’efficacité des obturateurs

Depuis une vingtaine d’années, les obturateurs internes du trayon ont fait leur apparition et ont démontré une efficacité préventive, notamment jusqu’au vêlage ou la première traite, c’est-à-dire jusqu’à leur retrait. Une synthèse très récente de différents essais montre une équivalence entre traitement sélectif avec obturateur et traitement antibiotique systématique.

Changer pour sécuriser sa propre santé et celle des veaux

Une étude allemande a récemment montré que la résistance aux antibiotiques de colibacilles de veaux de 3 jours était plus importante dans une ferme utilisant beaucoup d’antibiotiques au tarissement par rapport à une autre en utilisant peu. Cette étude est cohérente avec d’autres constats quant au risque de sélectionner des bactéries résistantes en donnant du lait contenant des résidus d’antibiotiques au veau. Cela peut avoir des conséquences sur la santé du veau. Mais aussi sur celle de celui qui les soigne et est en contact étroit avec eux.

Changer pour s’adapter à la nouvelle réglementation

Le règlement européen 2019/6 entré en vigueur le 28 janvier 2022 stipule que l’utilisation d’antimicrobiens pour des traitements préventifs individuels ou de l’ensemble d’un groupe d’animaux est désormais interdite, sauf cas exceptionnel.

Les clés du succès : un seuil bas, proche de 100 000 cellules,  application précise de l’obturateur

L’été est la période où le pourcentage de nouvelles infections est le plus bas et où le pourcentage de guérison est le meilleur. C’est donc une période favorable pour tester le traitement sélectif au tarissement. Le traitement antibiotique est alors réservé aux vaches qui hébergent des bactéries dans un ou plusieurs quartiers et un obturateur est utilisé en préventif. Quel que soit le type de traitement, il faut éviter de tarir des fortes productrices en plein épisode de canicule. La synthèse bibliographique évoquée ci-dessus conclut que l’absence totale de traitement (sans obturateur ni antibiotique) conduit à plus de risques de nouvelles infections.

Pour identifier les vaches qui ne recevront pas d’antibiotique, les éleveurs utilisent différents critères, le principal étant le seuil de leucocytes. Des travaux dans l’ouest de la France ont abouti à la proposition de se baser sur le dernier contrôle avant tarissement en complément de l’absence de mammite au cours du dernier trimestre de lactation. Pour des raisons technico-économiques, il a été  proposé d’utiliser le seuil inférieur de 100 000 cellules/ml au dernier contrôle pour décider ou non du traitement antibiotique sur les primipares. Le seuil de 150 000 cellules étant proposé pour les multipares. Le seuil de 100 000 cellules, quel que soit le nombre de lactations, plus simple à retenir, est ensuite ressorti comme associé à de meilleurs résultats que des seuils plus élevés dans une base de données de 1 700 tarissements.

L’hygiène et la technique de la mise en place de l’obturateur sont très importantes : se laver les mains, désinfecter pendant 30 secondes chaque sphincter avec une lingette désinfectante non dépliée ou un coton imbibé d’alcool, en partant du quartier le plus lointain pour finir par le plus proche, chasser, si besoin, la bulle d’air en pinçant chaque tube et en appuyant légèrement sur le piston, pincer le trayon, infuser délicatement pour une parfaite fermeture.

Enfin, il ne faut pas oublier de noter les traitements dans le carnet sanitaire avant de traiter (pour ne pas oublier) et d’être très vigilant quant aux délais d’attente pour les vaches traitées aux antibiotiques.

Rediscuter de la stratégie avec son vétérinaire dans le cadre du protocole de soin, se former, regarder des tutoriels vidéos sont aussi de bons moyens de se rassurer.

Nos référentes Lait sont à votre écoute :

Marylise LE GUENIC - Vétérinaire chargée d'études et de conseil Santé, Bien-être Production - Tél. : 06 78 70 71 44 - Mail : marylise.leguenic@remove-this.bretagne.chambagri.fr

Guylaine TROU - Chargée d'études et de conseil Alimentation Santé Conduite - Tél. : 07 89 67 22 25 - Mail : guylaine.trou@remove-this.bretagne.chambagri.fr

Pour en savoir plus, retrouvez nos articles de presse sur les médecines alternatives

Témoignage de Christelle, éleveuse

Mon comptable me dit régulièrement que mes frais vétérinaires  sont élevés. Et j’entends bien qu’il faut diminuer les antibiotiques.


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